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« Le mur est tombé, mais il existe toujours dans nos têtes »

Envoyée spéciale

« Le mur est tombé, mais il existe toujours dans nos têtes »

Il y a 30 ans s'effondrait le mur de Berlin. Un seul tronçon de la frontière a été conservé dans son intégralité. Pour ne pas oublier la partition de l'Allemagne.

D'après les informations de Céline Galipeau   Photos : Benoit Roussel

Publié le 4 novembre 2019

Au mémorial situé sur Bernauer Strasse, les gens défilent le long du mur, marchant sur la frontière qui délimitait autrefois l'Allemagne de l'Est, communiste, de l'Allemagne de l'Ouest, après la Seconde Guerre mondiale.

Érigé en août 1961, le mur couvrait à terme 155 kilomètres de frontière sur deux fronts : la partie extérieure, du côté ouest, et celle à l’intérieur, construite dans les années 1970 afin de circonscrire Berlin-Est. L'objectif de cette barrière haute de 3,6 mètres était clair : endiguer la fuite des Allemands de l’Est vers l’Ouest.

Amis, parents et proches se sont trouvés séparés. En tentant de fuir ou de sauter par-dessus le mur et ses barbelés, au moins 140 personnes ont perdu la vie entre 1961 et 1989.

Des visiteurs longent ce qu’il reste du mur de Berlin et observent les portraits de ceux qui sont morts soit en tentant de le franchir soit par accident. Les chiffres officiels dénombrent 101 fugitifs de l’Est, 30 personnes de l’Est comme de l’Ouest qui ne prévoyaient pas s’échapper, un soldat soviétique et huit soldats est-allemands.

« C'est incroyable de voir ça. J'ai du mal à croire que c'est vraiment arrivé, qu'on ait pu enfermer des gens derrière un mur », confie Demirhan Diracoglu, un médecin turc venu d’Istanbul pour visiter les vestiges de Bernauer Strasse.

« Sans liberté, plus rien n'a d'importance. C'est triste qu'autant de gens aient perdu la vie pour la liberté. »

— Une citation de   Demirhan Diracoglu

Pour empêcher ces traversées, le Parti communiste est-allemand a renforcé au fil du temps le dispositif de sécurité. Entre les deux murs, le quartier d’autrefois a été démoli au profit d’une zone tampon appelée le no man’s land.

Constitué d’un chemin de ronde, de pylônes d’éclairage, de 302 miradors et de systèmes d’alarme, ce no man’s land permettait aux quelque 14 000 soldats d’avoir « une vue non obstruée et un champ de tir clair ». Au mémorial du mur de Berlin, ce tronçon de mur est resté pratiquement intact.

C'est en 1989 que tombe le mur. Dès la fin des années 1970, le mouvement d’opposition avait pris de l’ampleur et gagné non seulement l’Allemagne, mais aussi la Pologne et la Hongrie, qui fut la première à ouvrir sa frontière. Les Allemands de l’Est en ont alors profité pour quitter massivement le pays.

Les premiers pans du mur de Berlin s’effondrent dans la nuit du 9 au 10 novembre, 28 ans après sa construction.

(Archives/AFP via Getty Image)

« Je suis tellement contente que cette séparation n'existe plus! », lance Mona Speer, qui raconte avoir habité non loin de Bernauer Strasse. Mona, qui a grandi dans l’Ouest, est venue visiter le mémorial avec celui qui partage sa vie, Wieland Pawlig, originaire de l’Est, et son fils.

« Si le mur était encore là, mon conjoint et moi, on ne se serait jamais rencontrés. C'est fou. »

— Une citation de   Mona Speer

Le petit Matthis, 6 ans, découvre pour la première fois le mur de Berlin. Pour son père, la division n'est peut-être plus aussi évidente, mais elle marque encore les esprits.

« Le mur est tombé, mais il existe toujours dans nos têtes. Moi-même, je ne vivrais jamais à Berlin-Ouest. Je suis bien chez moi, je resterai toujours à l'Est. »

— Une citation de   Wieland Pawlig

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