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Les Premières Nations en quête de plus d’autonomie pour le financement de projets

Des dizaines de tuyaux empilés les uns sur les autres.

Cette transition s'expliquerait en partie par l'adoption de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones par le Canada.

Photo : Associated Press / Sue Ogrocki

La Presse canadienne

Les Premières Nations sont de plus en plus appelées à devenir des partenaires pour le financement de grands projets, un changement qui pourrait les conduire vers une indépendance financière, selon la présidente de la Coalition des projets majeurs des Premières Nations.

Lors de la conférence annuelle de la Coalition, lundi, sa présidente, Sharleen Gale, cheffe de la Première Nation de Fort Nelson, a mentionné que tout cela faisait partie d'une démarche visant à placer le consentement et la participation des communautés à l'avant-plan du développement de projets.

Il existe une nouvelle façon de faire des affaires sur nos territoires traditionnels, a soutenu Mme Gale. Nous connaissons notre valeur et nous savons à quel point il est important pour nous de participer de manière significative à nos économies.

Selon elle, les accords de consentement et les avantages proposés par les entreprises ne suffisent plus.

L'équité est importante. Voilà une nouvelle norme que l'industrie doit vraiment comprendre.

Une citation de Sharleen Gale, président de la Coalition des projets majeurs des Premières Nations

La révolution économique des Autochtones

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Des mobile en forme d'animaux.

Pour parvenir à devenir détenteur de capital, il faut de l'argent. Compte tenu des taux d'intérêt élevés, Mme Gale estime qu'il est essentiel de disposer de capitaux à des prix compétitifs.

Elle explique ainsi que la Coalition s'est formée il y a près de 10 ans en partie parce que les Premières Nations se voyaient offrir des taux d'intérêt équivalents à ceux des cartes de crédit pour le financement de projets, ce qui rendait difficile le démarrage de quoi que ce soit.

Selon elle, la garantie de prêt autochtone de 5 milliards de dollars annoncée la semaine dernière dans le budget fédéral est une étape intéressante pour réduire le coût des capitaux, et les bénéfices découlant de cette mesure pourraient être utilisés pour financer encore plus de projets.

Vous verrez qu'à terme, nous n'en aurons peut-être même plus besoin, car nous créerons notre propre source de revenus, estime la présidente de la Coalition, en référence au Programme de garantie de prêts pour les Autochtones.

RBC veut éviter les « pièges du passé »

Lors d'une discussion avec Mme Gale dans le cadre de la conférence, Dave McKay, président et chef de la direction de la RBC, a indiqué que le Canada ne fait que commencer à mettre sur pied ce cycle autonome.

Commencer est difficile. [...] C'est la partie la plus difficile, mais ensuite vous allez obtenir un effet d'entraînement où vous allez réinvestir d'un projet à l'autre, a-t-il affirmé.

Le président et chef de la direction de la Banque Royale du Canada (RBC), Dave McKay.

Le président et chef de la direction de la Banque Royale du Canada (RBC), Dave McKay. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Frank Gunn

M. McKay juge que l'engagement fédéral de 5 milliards de dollars est un bon début, mais qu'il est loin d'être suffisant. Celui qui est à la tête de RBC depuis maintenant 10 ans a ainsi fait valoir que les projets en cours, notamment en lien avec la transition énergétique, vont créer autant d'occasions d'affaires que de besoins de financement.

À cet effet, il estime que l'aide au financement sera également importante pour obtenir le consentement adéquat des Autochtones.

Il est très important que nous fassions les choses de la bonne manière dès le début, et que nous ne tombions pas dans les pièges du passé.

Une citation de Dave McKay, président et chef de la direction de RBC

RBC a été critiquée pour son financement des pipelines Trans Mountain et Coastal GasLink, des projets auxquelles plusieurs Premières Nations se sont vivement opposées, mais qui ont également reçu le soutien d'autres communautés.

La construction des deux infrastructures est maintenant terminée et elles sont donc considérablement moins risquées, ce qui contribue à réduire le coût du capital pour la participation des Premières Nations.

D'après M. McKay, ce n'est qu'une question de temps avant que des accords de participation dans les pipelines soient annoncés.

Nous nous sommes limités en tant que pays parce que nous n'avons pas travaillé ensemble, et maintenant que nous travaillons ensemble, nous devrions adopter des idées plus grandes et plus audacieuses.

Le droit international, outil de prédilection

Le changement dans les relations s'explique en partie par l'adoption par le Canada de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, a souligné Perry Bellegarde, l'ancien chef national de l'Assemblée des Premières Nations qui est désormais à la tête du conseil d'administration de la Banque des Premières Nations du Canada.

Nous utilisons cette clause de consentement libre, préalable et éclairé comme moyen et comme outil pour amener les gouvernements et l'industrie à nos tables.

Une citation de Perry Bellegarde, président du conseil d'administration de la Banque des Premières Nations du Canada

Au-delà de cette codification de la norme élevée de consentement dans la loi, M. Bellegarde a noté qu'il était également important que le Canada ait rejeté la doctrine de la découverte, selon laquelle toute terre non encore occupée par des chrétiens était considérée comme vacante et pouvait donc être revendiquée par les colonisateurs.

Portrait de Perry Bellegarde.

L'ancien chef national de l'Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Jonathan Hayward

Selon lui, la reconnaissance du droit des communautés autochtones à l'autodétermination et du droit à leurs propres terres et à leurs propres lois est cruciale afin qu'elles puissent naviguer entre croissance et durabilité.

Ce droit est très important lorsqu'il s'agit d'examiner l'équilibre entre l'environnement et l'économie, en cherchant toujours à trouver l'équilibre, à trouver le juste milieu.

À l'occasion du Jour de la Terre, Perry Bellegarde a souhaité rappeler qu'en garantissant leurs droits, les peuples autochtones cherchent également à assumer leurs responsabilités envers les générations à venir et envers le monde naturel.

Nous avons la grande responsabilité de nous intégrer dans cette famille mondiale, si vous voulez, afin que nous puissions avoir un espoir pour l'avenir, que nos enfants et petits-enfants puissent avoir un espoir pour l'avenir.

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