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Malgré la crise climatique, un meilleur demain est possible

En ce Jour de la Terre et alors que le journaliste spécialisé en questions environnementales Étienne Leblanc lance le balado 1000 questions, une planète, il revient sur la réflexion qui l’a amené à se concentrer sur les solutions à la crise climatique. Des solutions à notre portée.

Un randonneur consulte une carte devant une fourche qui divise un sentier forestier en deux.

Le public, les médias, la communauté scientifique et la classe dirigeante semblent tous être, à leur manière, à la croisée des chemins.

Photo : iStock

Un randonneur consulte une carte devant une fourche qui divise un sentier forestier en deux.

Le public, les médias, la communauté scientifique et la classe dirigeante semblent tous être, à leur manière, à la croisée des chemins.

Photo : iStock

Êtes-vous tannés d’entendre parler des changements climatiques?

Vous n’êtes pas les seuls. Vous êtes nombreux à nous dire que le message ne vous atteint plus.

Pourtant, on n’a jamais été aussi bien informés sur le phénomène climatique.

La qualité de l’information scientifique à propos de ce qu’on doit faire pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre (GES) ou pour s’adapter aux changements climatiques n’a jamais été aussi riche et diversifiée, et n’a jamais été aussi bien diffusée.

Même s’il reste des incertitudes, on a une très bonne idée de ce qui nous attend si on ne fait rien pour changer le cours des choses.

Mieux, on sait qu’il est tout à fait possible d’éviter le pire. Dans leur dernier rapport, les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) nous le disent de façon très claire : tout n’est pas foutu.

Oui, il faut opérer un virage majeur dans un court délai. Mais il est toujours possible de limiter les dégâts. Mieux encore, on peut tirer de nombreux bénéfices personnels et collectifs des actions qui protègent le climat.

Sachant cela, une question me turlupine depuis quelques années… Une question qui, de fait, est à l’origine de mon désir de produire le balado 1000 questions, une planète.

Étienne Leblanc, journaliste spécialisé en environnement, propose avec le balado 1000 questions, une planète, sur la plateforme OHdio, une exploration en profondeur de la crise climatique. Avec ses invités, il tente de répondre à de grandes questions de façon intimiste, avec optimisme et lucidité.

On sait aujourd’hui qu’il est possible de changer le cours des choses, et pourtant, on décroche. Ma question : est-ce que notre façon de communiquer les informations sur le climat nourrit notre apathie?

Valériane Champagne St-Arnaud, professeure en communication environnementale et en marketing social à l’Université Laval, estime que cet état est en partie nourri par le récit trop sombre qu’on fait du phénomène climatique. Un constat qui s’adresse autant aux médias qu’aux scientifiques, aux responsables politiques ou aux environnementalistes.

Les sentiments que ça génère sont très inconfortables, dit-elle dans le premier épisode du balado. Peut-être que c'est de la peur, et on peut-être tannés aussi parce qu'on a l'impression qu'on nous remet le problème sur les épaules.

On a le goût de s'écarter de cette culpabilité, ou on est peut-être tannés d'en entendre parler parce qu'on ne se sent pas concernés.

Une citation de Valériane Champagne St-Arnaud, professeure en communication environnementale et en marketing social à l’Université Laval
Portrait de Valériane Champagne St-Arnaud.

Experte en communication environnementale, Valériane Champagne St-Arnaud est professeure au Département de marketing de l’Université Laval.

Photo : Radio-Canada / Étienne Leblanc

Il faut donc s’atteler à mieux tisser ce grand récit, par lequel on peut se projeter dans le monde de demain. Parler davantage de l’espace des possibles, ausculter les raisons pour lesquelles il est encore concevable d’éviter le pire, cultiver une vision de demain qui donne envie d’en prendre soin.

Le faire, bien entendu, de façon lucide, sans porter de lunettes roses.

Pas de recette magique… mais beaucoup de solutions

Il n’y a pas de solution miracle pour régler la crise climatique. Même si on se plaît parfois à le penser.

Comme quand on compense les émissions de GES de notre vol en avion en achetant des crédits pour planter des arbres. C’est évidemment une très bonne chose d’ajouter des arbres à notre territoire. Mais est-ce la solution pour répondre à l’urgence climatique? Celle qui nous prescrit de réduire de près de la moitié les émissions mondiales d’ici 2030?

Pas vraiment. Alors que l’avion rejette dans l’immédiat des GES, les arbres qu’on fera planter ne vont commencer à absorber le CO2 que dans 30, 50 ou 70 ans.

Portrait de Catherine Potvin devant un lac.

Experte en écologie tropicale et en stockage du carbone, Catherine Potvin est professeure au Département de biologie de l'Université McGill et membre du Comité consultatif sur les changements climatiques du gouvernement du Québec.

Photo : Radio-Canada / Étienne Leblanc

Quand on plante un arbre, il est tout petit et ça lui prend beaucoup de temps avant pour devenir un grand arbre qui va avoir beaucoup de feuilles et qui va pouvoir capter beaucoup de dioxyde de carbone, dit Catherine Potvin, professeur au Département de biologie à l’Université McGill et experte mondiale de la forêt tropicale et des puits de carbone. Et on n'a plus le temps, actuellement, d'attendre que ces arbres-là soient devenus grands.

Pour retenir le CO2, il est beaucoup plus efficace de préserver les forêts et les milieux naturels qui existent déjà, signale Mme Potvin.

Une solution parmi les très nombreuses qui existent pour protéger le climat.

En les reconnaissant, on se donne la chance de changer notre perspective, pour mieux comprendre que le défi climatique n’est pas qu’une calamité. On ne fait pas que subir, on peut aussi agir.

La démocratie à l’épreuve de l’urgence

Il n’est pas trop tard, mais on ne peut pas se cacher qu’il y a urgence.

Les experts du GIEC disent que si on veut éviter de franchir un seuil de réchauffement potentiellement dangereux, qui pourrait nous faire passer des points de bascule irréversibles, il faut réduire de près de moitié les émissions mondiales de GES d’ici 2030.

Des changements radicaux à opérer d’ici six ans… À peine une échéance électorale.

Comment changer les choses en si peu de temps?

Peut-on imaginer un monde où il serait possible de mettre en œuvre les transformations nécessaires? Un monde où les responsables politiques ne seraient pas préoccupés par les prochaines élections? Où des politiques publiques, peut-être impopulaires mais nécessaires pour le bien commun, pourraient être adoptées à temps?

Pas dans le système actuel. Les règles démocratiques ne nous permettent pas d’aller aussi vite ni aussi loin que nécessaire.

La démocratie est fondée sur les compromis et les arbitrages. Les changements s’y opèrent donc lentement. On prend le temps de débattre, de consulter, d’étudier la question.

Mais la crise climatique n’attend pas après nous.

Est-ce que le temps long de la démocratie est adapté au temps court de l’urgence?

Ma réponse est : non, en Arial 36, insiste François Delorme, professeur d’économie à l’Université de Sherbrooke. Il est convaincu que les seules mesures volontaires ne sont plus suffisantes, qu’on n’a plus le temps de chercher des compromis et des consensus.

Mais pour aller en ce sens, il faudrait soustraire la politique de la prise de décision.

La politisation de l’environnement, c’est un gros problème.

Une citation de François Delorme, professeur d’économie à l’Université de Sherbrooke
Portrait de François Delorme dans une forêt.

François Delorme est professeur d’économie à l’Université de Sherbrooke et collaborateur du GIEC.

Photo : Radio-Canada / Étienne Leblanc

Il propose une solution qui a été appliquée ailleurs dans le monde : créer une agence climatique calquée sur le modèle de la Banque du Canada, une institution complètement indépendante des forces politiques, malgré le caractère crucial de sa mission.

Dans le cas de la banque centrale, cette mission consiste à assurer l’équilibre entre le taux d’inflation et les taux d’intérêt, pour le bien-être des ménages.

Dans le cas de l’agence climatique, ce serait de prendre les décisions qui s’imposent, détachées des limites politiques, pour réduire rapidement les émissions de GES.

Cette idée selon laquelle l’urgence de la situation appelle à des mesures plus fermes fait son chemin, aussi audacieuse et dérangeante soit elle.

Il ne s’agit pas ici de remettre en cause la démocratie.

Mais s’il y a une chose que la pandémie récente nous a montrée, c’est à quel point des décisions difficiles peuvent être prises rapidement lorsque la situation le commande.

Des bernaches du Canada en vol devant un coucher de soleil.

Il est encore tout à fait possible d'aborder l'avenir avec optimisme.

Photo : Getty Images

Certes, les transformations nécessaires pour minimiser les effets de la crise climatique vont bouleverser notre quotidien. Mais pas uniquement pour le pire, loin de là.

Les remèdes qui nous sont prescrits ne sont pas que des contraintes. Ils apportent aussi de nombreux bénéfices à notre vie quotidienne.

Une qualité de l’air bonifiée, des villes plus vertes et plus fraîches, des aménagements qui nous incitent à nous activer, des infrastructures d’adaptation aux changements climatiques qui améliorent notre sécurité, des milieux naturels dont on peut profiter, des centres urbains moins congestionnés… Et quoi encore?

Le sentiment de faire la bonne chose, de poser les bons gestes, de donner un sens aux choix qu’on fait – tout ça au nom de ceux qui seront là demain et après-demain – contribue aussi à notre bonheur.

Il faut rester lucide. Mais il ne faut pas oublier qu’un meilleur demain est possible.

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