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Grève dans la construction : Québec menace de recourir à la loi spéciale

Dominique Vien, ministre du Travail du Québec

Dominique Vien, ministre du Travail du Québec

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

La ministre du Travail du Québec, Dominique Vien, somme les représentants patronaux et syndicaux d'en arriver à une entente négociée dès ce soir, à défaut de quoi elle menace de recourir rapidement à une loi spéciale.

Alors que 175 000 travailleurs de la construction s’apprêtent à déclencher une grève générale illimitée mardi soir à la suite de mois d’impasse dans les négociations avec leurs employeurs, la ministre du Travail du Québec a prévenu qu’elle ne laissera pas une telle situation se produire.

Expliquant en conférence de presse qu’elle a convoqué les parties patronales et syndicales à Québec au cours du week-end pour les obliger à négocier, ce qu’elles continueront à faire jusqu’à la dernière minute, la ministre a déclaré qu’une grève de la construction aurait un « impact économique important ».

Les pourparlers ont d'ailleurs repris entre les parties en fin d'après-midi mardi, à Montréal.

J’exhorte les parties à en arriver à une entente négociée d’ici la fin de la journée […] Si nous étions dans une telle impasse [soit le déclenchement de la grève], ce soir, j’agirais. Ni les parties syndicales ni les parties patronales n’en sortiraient gagnantes.

Une citation de Dominique Vien, ministre du Travail du Québec

Questionnée par les journalistes sur ce que signifie « j’agirais », Mme Vien a évoqué sans détour le recours à une loi spéciale.

« C’est l’une des options que nous regardons actuellement. », a-t-elle déclaré.

Selon l’évaluation du gouvernement du Québec, cette grève dans la construction entraînerait des pertes quotidiennes d’au moins 45 millions de dollars.

Le déclenchement d'une grève toucherait l'ensemble des secteurs : construction résidentielle, génie civil et voirie, industriel, institutionnel et commercial. Les cinq organisations qui forment l'Alliance syndicale représentent 175 000 travailleurs.

Travailleurs de la construction en grève (Archives)

Travailleurs de la construction en grève (Archives)

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

Horaires de travail et salaires dans la balance

Les horaires de travail et les heures supplémentaires sont au coeur du litige dans le secteur industriel, institutionnel et commercial, où la partie patronale cherche à obtenir une plus grande flexibilité des travailleurs, alors que ceux-ci estiment que les demandes patronales portent atteinte à la conciliation travail-famille.

On veut préserver le pouvoir d’achat de nos salariés, mais on l'a demandé, parce que nos clients sont de plus en plus exigeants, d’avoir de la flexibilité au niveau des horaires.

Une citation de Éric Côté, porte-parole de l'Association de la construction du Québec

« On sait que dans la construction c’est une journée de huit heures, toutefois, il y a une plage horaire dans laquelle on peut effectuer ce huit heures. En ce moment c’est de 6 h à 19 h. On souhaiterait pouvoir l’étendre un peu plus tôt le matin, ça permettrait notamment aux clients commerciaux de faire des travaux avant l’ouverture des commerces le matin », a expliqué Éric Côté à l'émission Midi Info, sur les ondes d'ICI Première.

Dans le cas des secteurs résidentiels et de la voirie et du génie civil, la pierre d'achoppement se situe davantage du côté des salaires, l'écart entre les demandes syndicales et l'offre patronale étant considérable.

Les conventions collectives sont arrivées à échéance le 30 avril. Les négociations ont quant à elles lieu depuis le 1er octobre 2016. Aucune des associations patronales n'a l'intention d'exercer son droit de lock-out jusqu'ici.

Conciliation travail-famille, cheval de bataille des syndiqués

Du côté syndical, on refuse les demandes d'assouplissement des horaires, car on estime avoir déjà fait des concessions à l'employeur à ce chapitre en 2014.

Qui plus est, « la question du temps supplémentaire avait été tranchée par un arbitre en octobre dernier », précise Michel Trépanier, qui trouve surprenant que l’employeur revienne de nouveau à la charge avec cet enjeu dans les négociations actuelles.

Nos travailleurs veulent juste avoir un minimum d’équilibre dans une industrie qui est extrêmement précaire, entre leurs responsabilités familiales et professionnelles.

Une citation de Michel Trépanier, président de l'Alliance syndicale

Les 175 000 syndiqués de la construction redoutent qu'en permettant aux employeurs d'allonger encore la plage horaire où se déroulent les travaux, ces derniers ne créent encore plus d'instabilité dans leurs horaires qui sont déjà difficiles à concilier avec leurs responsabilités familiales.

« Dans la demande patronale, ce qui pourrait arriver à l'un de nos travailleurs, c’est qu’il pourrait commencer à 5 h du matin le lundi, l’employeur pourrait lui dire dans le courant de la journée de mardi de changer son horaire à 11 h le matin, le mercredi il pourrait retourner à 9 h le matin. Comment voulez-vous que nos travailleurs aient un minimum de stabilité par rapport à leurs responsabilités familiales, que ce soit la garderie ou aller chercher les enfants à la fin de la journée? », a demandé Michel Trépanier sur les ondes d'ICI Première.

Les patrons redoutent l'arrivée de « videurs de chantiers »

L'Association de la construction du Québec (ACQ - secteur industriel, institutionnel et commercial) dit avoir fait part à la Commission de la construction du Québec (CCQ) de ses préoccupations face à la possibilité que des escouades de « videurs de chantiers » soient en train de se former.

L'ACQ constate que des appels en ce sens circulent sur les médias sociaux depuis lundi.

L'ACQ représente plus de 60 % de l'activité de la construction au Québec.

Avec les informations de La Presse canadienne

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