[Lettre ouverte] L’importance de témoigner des ravages de la COVID-19
Des directeurs de grands médias demandent au gouvernement du Québec un accès aux hôpitaux pour les journalistes, pour montrer aux citoyens ce qui s’y passe.
Il faut aller sur le terrain et entrer dans les établissements de santé pour vous montrer ce qui s’y passe.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
En mars dernier, au cœur de la première vague de cette pandémie sans précédent, je vous décrivais comment, à Radio-Canada, nous nous engagions dans un véritable marathon pour vous tenir informés des derniers développements liés à la crise et vous offrir tout l’éclairage nécessaire pour la traverser. C’est ce que nous faisons sans relâche depuis.
Pour y arriver, nous devons pouvoir mettre en pratique les fondements de notre métier : rapporter les faits, les expliquer, les présenter. Et pour cela, il faut aller sur le terrain et entrer dans les établissements de santé pour vous montrer ce qui s’y passe, témoigner des efforts et du courage des travailleurs. Malheureusement, il est de plus en plus difficile de le faire, alors que l’accès aux hôpitaux et aux CHSLD est presque systématiquement interdit aux médias.
C’est pourquoi le service de l’information de Radio-Canada se joint aujourd’hui à d’autres médias pour demander au gouvernement du Québec et aux autorités de santé publique de permettre l’accès aux établissements de santé aux artisans de l’information. Cela, bien sûr, dans le même respect des mesures sanitaires dont nous faisons preuve depuis le début.
Luce Julien
Directrice générale de l’information
Radio-Canada
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Lettre ouverte
Au mois de mars 2020, la planète entière a compris l’ampleur de la crise sanitaire en développement en voyant les images dramatiques qui nous provenaient d’Italie. Des photos et des vidéos montraient des patients entassés dans les hôpitaux, couchés sur le ventre ou intubés, ainsi que des médecins désemparés, qui témoignaient de leur détresse devant la caméra.
Ces images ont davantage sensibilisé les citoyens à la gravité de la situation que tous les communiqués de presse de l’OMS sur la COVID-19. Elles les ont aussi incités à accepter le confinement imposé par les gouvernements.
Or, au Québec, de telles images sont rarissimes, car le gouvernement et les autorités de santé publique ferment les portes des établissements de santé aux médias. Une restriction comme on en voit très peu ailleurs dans le monde.
Hormis quelques exceptions, les journalistes et photographes se voient en effet refuser leurs requêtes lorsqu’ils demandent l’autorisation pour entrer dans les hôpitaux et CHSLD, afin de témoigner de la réalité des patients et du personnel soignant.
Ce refus des CIUSSS et du ministère de la Santé est d’autant plus étonnant que les directions d’hôpitaux sont souvent d’accord pour accueillir les médias. Le personnel soignant est lui aussi favorable à l’ouverture des portes de leurs lieux de travail.
Ces derniers comprennent que l’absence d’images permet à certains de minimiser la gravité du virus, d’apparenter ses symptômes à ceux d’une simple grippe
, ou encore, de justifier les relâchements aux consignes sanitaires.
D'où l’importance de recueillir les témoignages des médecins, des infirmières et des préposés. D'où l’importance également d’entendre et de voir les patients qui l’acceptent, afin de montrer la dure réalité qui se vit derrière des portes qui sont actuellement closes. Les membres du personnel de la santé demeurent, après tout, les principaux témoins de ce qui se vit à l’intérieur des établissements. Il est donc essentiel qu’ils puissent raconter ce qui s’y passe. Sans compter que des centaines de Québécois ont des proches actuellement hospitalisés ou en attente de chirurgie.
Bien sûr, les médias sont conscients des risques liés à la COVID-19. C’est pourquoi ils respectent les règles sanitaires lorsqu’ils sont sur le terrain depuis le début de cette pandémie, et le feraient tout aussi consciencieusement dans un contexte hospitalier.
Nous, qui représentons les grands médias du Québec, demandons donc au gouvernement du Québec et aux autorités de santé publique, au nom du droit du public à l’information, d’ouvrir aux journalistes les portes des établissements où se livre une véritable guerre qui nous concerne tous.
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Benoit Dussault
Directeur principal
24 heures
George Kalogerakis
Rédacteur en chef
Agence QMI
Helen Evans
Rédactrice en chef
CBC Québec
Melanie Porco
Superviseure – Production nouvelles
CityNews Montreal (Citytv)
Chris Bury
Directeur de la programmation et de l’information
CJAD 800
Julie-Christine Gagnon
Directrice de l’information 98,5, stations parlées
Cogeco Nouvelles et Radio Circulation
Jed Kahane
Directeur de l’information
CTV News
Karen Macdonald
Directrice de l’information
Global News
Martin Picard
Vice-président et Chef de l’exploitation du contenu
Groupe TVA Inc.
Dany Doucet
Rédacteur en chef
Journal de Montréal
Sébastien Ménard
Rédacteur en chef
Journal de Québec
François Cardinal
Éditeur adjoint
La Presse
Geneviève Rossier
Éditrice et Directrice générale
La Presse canadienne, Service français
Brian Myles
Directeur
Le Devoir
Stéphane Lavallée
Directeur général
Les coops de l’information
Lucinda Chodan
Rédactrice en chef
Montreal Gazette
Jean-Nicolas Gagné
Directeur général
QUB radio
Luce Julien
Directrice générale de l’Information, Services français
Société Radio-Canada
Xavier Brassard-Bédard
Rédacteur en chef
TVA Nouvelles/LCN