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[Mot de l’info] Quand informer se conjugue avec sécurité

Plan rapproché de Mme Julien.

Luce Julien est la directrice générale de l'information de Radio-Canada.

Photo : Radio-Canada / Arcouette&Co

Il est très rare que nous devenions les acteurs d’un événement. Notre rôle comme diffuseur public et média d’information est de couvrir les événements avec rigueur, exactitude et impartialité. Nous souhaitons rapporter la nouvelle et non « faire la nouvelle ».

Cependant, vous avez vu, à la télévision ou sur les réseaux sociaux, des journalistes être pris à partie lors de manifestations. En effet, depuis un certain temps, et encore plus depuis le début de la pandémie, des citoyens qui ne croient plus au rôle des médias tentent d’entraver le travail des équipes journalistiques sur le terrain.

Pourquoi prendre la parole maintenant?

Parce qu’il nous est de plus en plus difficile de concilier nos devoirs de vous informer, de bien faire entendre toutes les voix et celui d’assurer la sécurité de nos équipes sur le terrain. Nous croyons que la population doit être au fait de cette réalité.

Et parce que nous ne sommes pas les seuls à vivre cette situation.

Partout dans le monde, nous assistons à un effritement de la confiance du public envers les médias traditionnels. Des citoyens doutent de notre impartialité, nous accusent de rapporter de  fausses nouvelles ou d’être à la solde des gouvernements. Ces impressions émanent d’attaques frontales sur les réseaux sociaux de la part de conspirationnistes, de membres des gilets jaunes en France, et même de l’ancien président américain Donald Trump, qui en a fait sa marque de commerce.

Ces tensions, au fil du temps, provoquent une montée de l’intolérance à l'égard des médias d’information.

Le Canada n’y échappe pas. Nous notons aussi une escalade des gestes d’intimidation envers les journalistes, particulièrement ceux de la télévision et de la radio, qui sont les plus visibles sur le terrain. Les journalistes, caméramans et photographes qui tentent de capter des images, de recueillir les faits, de poser des questions ou d’intervenir en direct se font régulièrement bousculer et injurier. S’ajoutent les projectiles lancés, les actes de vandalisme sur nos véhicules et les menaces ou messages haineux proférés sur les réseaux sociaux.

Ainsi, pendant la couverture de la manifestation des camionneurs à Winnipeg, un journaliste a été encerclé puis invectivé par des individus. Son agent de sécurité a été plaqué contre une voiture. À Ottawa, une journaliste d’ICI RDI a dû être retirée du terrain quelques minutes avant son entrée en ondes parce que des manifestants s’approchaient d’elle en hurlant.

L’une de nos collègues a récemment déclaré :  Jamais je n’aurais cru voir le jour où je devrais être accompagnée d’un garde de sécurité pour pouvoir faire mon travail, ici, au pays!

Cette situation nous préoccupe au plus haut point. Nous devons toutefois poursuivre notre travail.

Nous le faisons en prenant toutes les mesures nécessaires pour protéger nos équipes : nous évaluons les risques, travaillons de près avec des spécialistes en sécurité. Nous formons nos journalistes à travailler en zone hostile : manifestations, conflits armés, catastrophes naturelles, etc. Nous sommes contraints d’adapter notre couverture en direct. Nous devons même prévoir des positions de retrait pour continuer à vous informer.

Ces mesures font partie de notre pratique habituelle lors de situations exceptionnelles comme les couvertures en zone de guerre, par exemple. Ce qui a changé, c’est qu’elles s’imposent maintenant dans des contextes où l’on ne devrait pas avoir à déployer un tel niveau de sécurité.

Vous l’aurez compris, la protection de nos équipes sur le terrain est primordiale, et nous saluons leur engagement. Mais face à cette défiance à l’endroit des médias, nous ne devons pas abdiquer. Notre mission, comme diffuseur public, est de vous informer et nous comptons continuer à la mener à bien.

Luce Julien est directrice générale de l'information de Radio-Canada

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