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Paul Arcand dresse un sombre portrait de la cyberpédophilie au Québec dans une docusérie

Un homme est à l'écoute, les mains croisées dans un poste de police.

Paul Arcand s'attaque à la cyberpédophilie et à ses répercussions dans une nouvelle série documentaire.

Photo : Vrai

Dix-sept ans après son film documentaire Les voleurs d’enfance, qui brossait un portrait critique de la protection de la jeunesse au Québec, le journaliste et animateur de radio Paul Arcand s’attaque à la cyberpédophilie avec la série documentaire Les collectionneurs d’enfants, offerte dès mardi sur la plateforme Vrai. 

Déclinée en trois épisodes d’une heure, la série coup-de-poing plonge le public dans les plus sombres recoins d’Internet, où l’impunité règne à visage couvert derrière un écran. Paul Arcand s’entretient sans ambages avec des victimes, des membres des forces de l’ordre, mais aussi des criminels qui viennent témoigner de leurs plus bas instincts. 

C’est malheureusement au Québec que l’on trouve le plus grand nombre de personnes consommant de la pédopornographie au pays, selon ce que nous apprend le professeur de criminologie Francis Fortin dans le premier épisode de la série. Pour comprendre l’ampleur du fléau, il suffit de constater l’augmentation au fil du temps des effectifs alloués à la lutte contre l’exploitation sexuelle au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Initialement, pour tout le service de police, il y avait 10 ou 12 enquêteurs qui travaillaient autant sur le créneau du proxénétisme que de la pornographie juvénile et du leurre d’enfants. Aujourd’hui, on parle d’environ 40 enquêteurs qui luttent contre l’exploitation sexuelle, explique Marco Breton, commandant au SPVM. 

Internet, grand facilitateur pour les criminels 

L’explosion de ce type de crimes s’explique évidemment par l’arrivée d’Internet, qui a facilité la transmission d’un nombre effarant de contenus de pornographie juvénile, mais qui a aussi compliqué la tâche aux forces de l’ordre pour déterminer leur provenance. 

Avant Internet, il n’y avait pas beaucoup d’options pour les personnes qui cherchaient ce genre de matériel. Ils pouvaient commander des revues. Dans certains pays scandinaves, comme le Danemark, il y avait l’équivalent d’un Playboy, mais avec un contenu beaucoup plus jeune, explique Francis Fortin. Auparavant, quand on voulait contrôler la pornographie, c’était une affaire de douanes.

Le criminologue estime à une vingtaine de millions le nombre d’images pédopornographiques circulant sur le web. Toutefois, ça n’inclut pas toutes les collections privées, tout ce que les gens vont posséder et vont échanger dans des cercles un peu plus restreints. Dans les milieux pédophiles, il y a une valeur très grande qui est accordée à ces collections privées.

Un homme est caché derrière un écran d'ordinateur à son bureau.

Avec l'anonymat de l'Internet, les adeptes de pornographie juvénile ont souvent les coudées franches pour agir en toute impunité.

Photo : Vrai

Les réseaux sociaux, terrain fertile pour le leurre d’enfants

Comme Paul Arcand l’explique dans Les collectionneurs d’enfants, la pédophilie n’est pas un mal propre à notre époque; il y a toujours eu des pédophiles et il y en aura toujours. Ce qui a changé, c’est la facilité avec laquelle ces personnes peuvent avoir accès aux enfants. 

 Tout ça se fait par des moyens très simples, sur les réseaux sociaux, affirme-t-il. Plusieurs pédophiles passent en effet par Facebook ou des salles de discussion en ligne pour joindre leurs victimes, se faisant passer pour des personnes beaucoup plus jeunes. 

Les jeunes sont désormais hyperconnectés, donc de plus en plus exposés aux risques de leurre, de sextorsion, de partager des photos intimes. En ce sens, la série parle à tout le monde, résume Paul Arcand dans un communiqué.

Un homme assis pose des questions à une femme assise, vue de dos, devant les caméras.

Paul Arcand a interviewé plusieurs victimes de cyberprédateurs.

Photo : Vrai

Confronter les cyberpédophiles

M. Arcand propose dans la série des entrevues bouleversantes avec des victimes, comme Audrey, qui a subi un viol à l’âge de 13 ans – ses agresseurs avaient 16, 17 et 19 ans et ils ont filmé le tout. Audrey s’est rendu compte peu après que les jeunes avaient reçu une commande d’un homme plus âgé.

Au-delà de ces entretiens, l’intervieweur chevronné confronte aussi des pédophiles avoués, comme Michel, reconnu coupable en 2013 de possession et de distribution de pornographie juvénile, d’attouchements et de leurre d’enfants. Il affirme avoir collectionné près de 30 000 images en quelques années seulement. 

Faire une entrevue avec un prédateur sexuel comme Michel [...], c’est l’affaire la plus difficile; tu es tiraillé à l’intérieur, explique M. Arcand. Tu as le goût de sacrer ton camp, tu as le goût de te fâcher, tu as le goût de l’engueuler, mais il faut juste le faire parler, Paul Arcand. 

C’est pas un enfant, c’est une vidéo 

Si les raisons qui poussent à commettre l’impensable peuvent varier, ces adultes ont généralement de la difficulté à gérer leurs émotions adéquatement et à entretenir des relations interpersonnelles ou intimes saines, selon Sarah Paquette, chercheuse en délinquance sexuelle à la Sûreté du Québec.

La série documentaire pointe aussi l’insidieux phénomène de la déresponsabilisation, qui existe surtout chez les personnes consommant de la pédopornographie sans en produire. Comme se défend un prévenu dans un interrogatoire montré dans la série (c’est d’ailleurs le nom du premier épisode) : C’est pas un enfant, c’est une vidéo.

« Dans le fond, c’est comme si le mal était déjà fait, explique un intervenant dans Les collectionneurs d’enfants. La personne ne se considère pas comme dans le camp des méchants qui abusent. »

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