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[Mot de l’info] Pourquoi Radio-Canada ferme son bureau de Pékin

Le logo de Radio-Canada sur la façade de l'immeuble de Montréal.

Radio-Canada explique pourquoi elle ferme son bureau de Pékin.

Photo : Radio-Canada / Jean-Claude Taliana

La planète change sous nos yeux avec une intensité qui souligne plus que jamais l’importance de la couverture internationale de Radio-Canada.

Notre mission

Vous raconter l’évolution du monde à travers le regard de nos correspondants et envoyés spéciaux constitue une priorité dans notre mission de service public.

C’est notre responsabilité et à la fois un privilège pour nous d’être ainsi sur le terrain, là où se jouent ces enjeux, permettant d’aller à la rencontre des citoyens et d’y apporter un éclairage tout à fait unique.

Par ailleurs, ces dernières années ont été extrêmement éprouvantes à plusieurs égards. Une pandémie dont on ressent toujours les échos, des sociétés en profonde mutation, des régimes totalitaires en pleine effervescence, des bouleversements climatiques, de nouvelles guerres et d’autres, quasi chroniques.

De Hong Kong à Kaboul, de Stockholm à Mumbai, du désert du Nevada à Rio, de Nairobi à Kiev, nous y sommes pour faire le meilleur journalisme qui soit.

C’est ainsi que, depuis janvier dernier, nous avons déployé nos équipes dans 36 pays, toujours avec le souci d’expliquer et de contextualiser.

Nous avons consacré de très importantes ressources à la couverture de la guerre en Ukraine depuis ses tout premiers jours par l’envoi de 15 équipes qui se sont succédé dans ce pays et dans toute la région. Et nous continuerons de le faire.

Paris et Washington

Nos bureaux à l’étranger constituent des pierres d’assise dans la richesse de notre offre. Établis dans des endroits stratégiques pour les publics canadiens, ils permettent de s’ancrer au quotidien dans des sphères d’influence qu’il importe de couvrir jour après jour.

En Europe, Radio-Canada possède un bureau à Paris, alors que celui de CBC est installé à Londres. Ces derniers mois, nos journalistes y ont suivi des dossiers majeurs comme les conséquences de la guerre en Ukraine et sa crise énergétique, le décès de la reine et l’instabilité à la tête du Royaume-Uni, ou encore l’arrivée de l’extrême droite à la tête du gouvernement italien.

À Washington, notre bureau de CBC/Radio-Canada est à pied d'œuvre pour couvrir tant la politique américaine, avec les élections de mi-mandat en novembre, que les mutations sociales et environnementales de ce pays

Le repli sur soi d’acteurs majeurs comme la Russie et la Chine nous impose de repenser notre façon de couvrir l’international.

Moscou

Le 18 mai 2022, nous avons été fortement ébranlés par la décision des autorités russes de fermer notre bureau et de révoquer les accréditations et visas de notre équipe journalistique, nous expulsant ainsi du territoire.

Radio-Canada et CBC y étaient présents depuis 44 ans par le biais de nos correspondants et correspondantes et de notre personnel local. Les autorités russes ont invoqué des mesures de représailles prises en riposte aux actions du Canada, faisant ainsi fi de la distinction entre l’action du gouvernement canadien et l’entreprise de presse indépendante qu’est Radio-Canada.

À notre connaissance, c’est la première fois qu’un de nos bureaux se voit ainsi expulsé d’un pays. Et le seul à ce jour à avoir subi une telle fermeture de tous les médias étrangers qui ont une présence à Moscou.

Depuis la fermeture du bureau imposée par Moscou, notre correspondante Tamara Alteresco s’efforce de couvrir la Russie à distance et à partir des pays limitrophes.

Face à cette situation, nous étudions différentes possibilités pour demeurer en périphérie de la Russie, notamment celle d’ouvrir un bureau temporaire dans un pays voisin afin d’y couvrir les enjeux régionaux et sa sphère d’influence.

Pékin et Taïwan

Autre pôle majeur de notre couverture, la Chine, que nous couvrons également à travers le regard de nos correspondantes et correspondants de Radio-Canada et de CBC depuis maintenant 40 ans.

Malheureusement, depuis la nomination de notre nouveau correspondant en Asie, Philippe Leblanc, et sa demande de visa en octobre 2020, toutes nos tentatives pour qu’il puisse s’y installer ont été infructueuses.

Des rencontres avec le consul de Montréal et des démarches consécutives se sont soldées sans succès. Seule notre présence lors des Jeux olympiques de l’hiver dernier à Pékin nous a été permise. Et ce, dans un cadre très strict.

En avril, les directeurs généraux de l'information de CBC et de Radio-Canada Brodie Fenlon et Luce Julien ont écrit à l’ambassadeur de Chine au Canada, Cong Peiwu, pour demander encore une fois l’obtention d’un visa pour Philippe Leblanc à Pékin. Nous lui avons exprimé toute l’importance historique de nos pays respectifs et l’impossibilité de continuer à maintenir un bureau ainsi si nous ne pouvons y être sur place. Nous avons reçu depuis un simple accusé de réception.

C’est à contrecœur que nous avons finalement pris la décision de fermer notre bureau. Radio-Canada n’est hélas pas le seul à vivre d’importantes difficultés dans sa mission journalistique en Chine. Les relations entre les médias étrangers et le gouvernement chinois ont été de tout temps complexes. Elles sont devenues particulièrement tendues ces dernières années.

Comme plusieurs autres médias, nous continuerons de couvrir l’actualité de cette immense région, mais nous le ferons dorénavant à partir de Taïwan. Philippe Leblanc y sera basé pendant les deux années à venir.

D’une importance géostratégique primordiale, cette île de 24 millions d’habitants située au cœur de cette région du monde sera aussi l’un des points de tension des prochaines années avec la Chine.

Comme nos collègues de CBC, nous espérons qu’un jour la Chine s'ouvrira à nouveau à nos journalistes, tout comme nous souhaitons une ouverture des autorités russes pour nous réinstaller à Moscou.

C’est donc avec cette nouvelle configuration de notre couverture internationale que nous continuerons de couvrir au plus près, sur le terrain, la marche d’un monde en constante évolution. Le journalisme est une course à obstacles constante. Notre priorité demeure en tout temps de respecter notre mission envers vous, celle de vous offrir une information internationale la plus en proximité avec vous.

Luce Julien est la directrice générale de l’Information de Radio-Canada

Ginette Viens est première directrice, programmation, nouvelles, actualités et déploiement de Radio-Canada

Version chinoise de cet article

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