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AnalyseEt si les candidats à la présidence ne se rendaient pas à la fin de la course?

Joe Biden et Donald Trump brandissent le poing.

Alors que le match revanche Biden-Trump prend forme, qu'arriverait-il si l'un des deux quittait la course?

Photo : afp via getty images / ANGELA WEISS

Mathématiquement, le sort en est jeté pour la course à la Maison-Blanche. En vertu des résultats des caucus et des primaires organisés jusqu’ici, tant Donald Trump que Joe Biden ont remporté suffisamment de votes de délégués pour s'assurer d’être le candidat investi pour leur parti respectif. Mais qu'arriverait-il si l’un d’entre eux quittait la course ou ne tenait pas le coup d’ici l’élection du 5 novembre prochain?

Ce n’est un secret pour personne, une majorité d’Américains auraient préféré avoir un autre choix qu'un duel entre ces deux candidats démocrate et républicain. Entre un Joe Biden beaucoup moins vif qu’auparavant, qui semble parfois frêle ou confus, et un Donald Trump à peine moins âgé, qui marmonne des incohérences lors de ses rassemblements et, de plus, qui fait face à 91 chefs d’accusation, le dilemme cornélien est immense.

L'âge semble en tout cas être un facteur déterminant pour le président sortant, même s'il présente un bilan qui, somme toute, permettrait la réélection de la plupart des présidents. L'autre candidat, pendant ce temps, pourrait être reconnu coupable d'un crime à l'issue d'un verdict aux conséquences importantes sur l’électorat.

Mais que se passerait-il si l'un d'entre eux était frappé d'incapacité, abandonnait la course, était reconnu coupable ou allait en prison (cette dernière option est peu probable étant donné le calendrier électoral actuel)?

Remplacer le candidat d'un parti ou le président élu ne serait pas facile en toutes circonstances, mais le degré de difficulté dépend du moment où le candidat se retire. Voici quelques scénarios de politique-fiction qui seraient pourtant tout à fait réalistes.

Élections américaines 2024

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Des drapeaux américains sont placés devant le Capitole des États-Unis.

Pendant les primaires

D’abord, si un candidat meurt ou se retire pendant la saison des primaires, deux cas de figure se présentent : les élections à venir et les votes déjà comptabilisés.

Dans le cas de la course de cette année, Donald Trump n’a plus d’adversaires, avec le retrait de Nikki Haley il y a peu, et Joe Biden n’a qu’une opposante sans envergure, Marianne Williamson, qui n’a gagné aucun délégué depuis le début de la saison des primaires. Rappelons qu’un délégué est un membre du parti ou un militant qui représente sa communauté ou son État à la convention du parti.

Le président démocrate Joe Biden.

L'âge du président démocrate revient constamment parmi les inquiétudes exprimées par des électeurs.

Photo : Getty Images / Scott Olson

La modification des bulletins de vote, comme le retrait d'un candidat, nécessiterait probablement une action de la part des assemblées législatives des États – ou, dans certains cas, des partis politiques des États – pour repousser le délai ou retarder le vote. Il faudrait aussi qu’un autre candidat souhaitant entrer dans la course organise une campagne d'inscription dans les États qui l'autorisent. C’est très compliqué.

Le sort des voix des délégués déjà assignés au candidat gagnant avant son décès ou son retrait de la course dépendrait des règles de l'État et du parti national. Les délégués des candidats qui ne sont plus en lice pourraient en fait devenir des « agents libres » à la convention et pourraient donc voter en faveur d’un nouveau candidat.

Parce qu’avec le nombre de délégués déjà répartis pour M. Biden et M. Trump, il est trop tard pour qu’un candidat ou une candidate puisse accumuler suffisamment de délégués. Dans le cas de Joe Biden, Dean Phillips, qui a suspendu sa campagne, et Marianne Williamson, seule encore en lice, ne seraient probablement pas des candidats acceptables pour les dirigeants du Parti démocrate en raison de leur faible profil et de leur manque de soutien. Et comme aucun candidat actif n'obtiendrait alors la majorité des délégués, le candidat ou la candidate devrait être désigné à la convention.

Donald Trump s'adresse aux journalistes.

Les multiples procès auxquels fait face Donald Trump pourraient entamer sa popularité auprès de certains délégués républicains.

Photo : Getty Images / Chip Somodevilla

Quant à la course chez les républicains, certains pensaient que Nikki Haley allait essayer de durer le plus longtemps possible dans cette course en espérant que Donald Trump serait en perte de vitesse au fur et à mesure de ses déboires judiciaires. C’est plutôt le manque de ressources financières et d'appuis qui ont eu raison de l’ex-gouverneure de la Caroline du Sud.

Un retrait d’ici la convention des partis

Normalement, la très grande majorité des délégués républicains et démocrates sont en fait liés au vote pour le candidat envers lequel ils se sont engagés pendant les primaires et les caucus. Seule une petite partie d’entre eux pourraient toujours se déclarer non obligés de voter pour le candidat qu’ils auraient soutenu.

En ce sens, contrairement aux délégués républicains, les délégués démocrates sont engagés plutôt que liés à un candidat, et bien que les règles du parti mentionnent que les délégués doivent confirmer les voix de ceux qui les ont élus, il n'y a en fait pas de pénalité si un délégué vote différemment.

Dans le cas du retrait ou du décès d’un candidat, les partis peuvent décider d'adopter des règles au moment de leur convention (en juillet pour les républicains et en août pour les démocrates) afin de garantir que les délégués qui leur sont liés au niveau de l'État soient libres de voter pour quelqu'un d'autre.

La convention républicaine de 2016 à Cleveland, en Ohio.

C'est aux conventions que le sort des candidats présidentiels est déterminé officiellement par les délégués.

Photo : Getty Images / Jeff J Mitchell

Reste que si aucun candidat n'a obtenu la majorité après le vote initial à la convention, on parle d’une convention négociée ou contestée, et tous les délégués deviennent des agents libres de voter pour qui ils souhaitent.

Dans ce cas-là, tous les candidats, même ceux qui ne se seraient pas présentés lors des primaires et des caucus, auraient le droit de se soumettre au vote à la convention. 

Chez les démocrates, les nouveaux candidats doivent obtenir au moins 300 signatures de délégués pour être désignés. Chez les républicains, les règles de la convention stipulent que les candidats doivent présenter des preuves de soutien de la part d'une pluralité de délégués dans au moins cinq États, au moins une heure avant que les personnes soient mises en nomination. Dans un tel cas, on assisterait à un marathon de tractations de coulisses, scrutin après scrutin, jusqu'au tour final qui consacrerait un candidat victorieux. Historiquement, cela fait plus de 50 ans, soit depuis que la formule moderne des conventions a été établie, que ce cas de figure ne s’est pas matérialisé.

Entre les conventions et le jour de l’élection

Si Trump ou Biden reçoit l'investiture de son parti, mais meurt ou se retire (pour des raisons politiques, judiciaires ou de santé) avant le jour de l'élection, c’est le parti qui doit nommer un remplaçant.

À ce sujet, les partis démocrate et républicain ont adopté des règles qui définissent explicitement qu'un tel poste serait pourvu par un vote du comité national du parti, composé de quelques centaines de dirigeants locaux et de responsables d'États.

En attente des votes du collège électoral

Il faut rappeler qu’aux États-Unis, le président est officiellement élu par le sacro-saint Collège électoral, formé des grands électeurs – choisis par le parti de leur État. Ceux-ci doivent se rendre dans la capitale de leur État pour y déposer les votes officiels en faveur du candidat qui a remporté l'État. D'où les manigances de Donald Trump et de ses partisans pour empêcher ledit processus entre l’élection de 2020 et la certification des résultats du 6 janvier 2021, date à laquelle a eu lieu l'assaut du Capitole à Washington.

Le logo de la convention nationale du Parti démocrate est affiché au United Center à Chicago, dans l'Illinois.

C"est à la convention démocrate qui se tiendra à Chicago en août prochain que le candidat à la présidence sera officiellement assermenté.

Photo : Getty Images / Scott Olson

Au total, il y a 538 grands électeurs répartis entre les 50 États et le District de Columbia. La formule de calcul consiste à avoir deux grands électeurs pour chaque État et pour Washington. À ces 102 s'ajoute un nombre de grands électeurs calculé en proportion de la population des États. On atteint alors 538. 

Qu’arrive-t-il si le candidat vainqueur se retire de la course ou décède? Certains États ont des scénarios en place, mais ils sont plutôt rares à avoir défini cette possibilité. Le problème est aussi que, constitutionnellement parlant, les 538 grands électeurs sont tenus de ne voter que pour des candidats éligibles. Il faudrait alors que les règlements soient modifiés en conséquence.

Un décès avant le jour de l'investiture?

Si jamais le président élu meurt avant le 20 janvier 2025, date de la cérémonie d’assermentation, on peut invoquer le 20e amendement de la Constitution qui stipule que, dans ce cas, le ou la vice-président(e) élu(e) devient président(e). Ainsi, le nouveau président nommera un nouveau vice-président, qui devra être confirmé par le Sénat.

Tous ces scénarios sont évidemment à géométrie variable, car la situation à laquelle feront face les électeurs américains est unique dans leur histoire  : avoir deux candidats, un président sortant et un ex-président qui ont, tous deux, fracassé les records d’âge lors de leur élection présidentielle et lors de leur campagne pour se faire réélire. Toutes les options sont donc sur la table…

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