Le beau risque de Mathieu Betts
Mathieu Betts fera bientôt ses valises pour Détroit, où il obtiendra dans les prochains mois une deuxième chance de percer l'alignement d'une équipe de la NFL.
Photo : La Presse canadienne / DARRYL DYCK
Mathieu Betts ne s’en cache pas, il a pris un risque en quittant la Ligue canadienne de football (LCF) pour un contrat sans aucune garantie avec les Lions de Détroit. À quelques semaines de son départ pour le Michigan, l’ailier défensif assure toutefois dormir sur ses deux oreilles.
Ça fait cinq ans que je suis dans le football professionnel. Je suis moins stressé et moins impressionné que je l’étais quand j’ai participé au camp des Bears. Ma formule, c’est de bien faire ce que je fais de bien sur un terrain de football
, décrit l’ex-vedette du Rouge et Or, de passage à Québec mercredi midi.
À sa sortie des rangs universitaires en 2019, l’expérience de Betts dans le circuit Goodell s’était terminée à la fin du camp d'entraînement des Bears de Chicago. Par la suite, quatre saisons dans la LCF l’ont vu passer de joueur de rotation avec les Elks d’Edmonton à joueur défensif de l’année avec les Lions de la Colombie-Britannique.
Sa saison record de 18 sacs du quart-arrière a valu à Mathieu Betts le titre de joueur défensif de l'année dans la LCF. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Tara Walton
C’est clair dans ma tête que je suis un bien meilleur joueur de football que lorsque je suis sorti de l’Université Laval. Je suis plus fort, plus vite et, c’est cliché, mais tu ne peux pas acheter l’expérience. J’ai tellement acquis de connaissance pour bien lire le jeu et mieux anticiper ce qui se passe
, décrit le Montréalais d’origine.
Choisir l’inconfort
À 29 ans, Mathieu Betts avait deux options devant lui cet hiver après avoir établi un record de 18 sacs en une saison dans la LCF. Agent libre, il aurait pu s’entendre sur les termes d’un nouveau contrat de quelques centaines de milliers de dollars par année avec les Lions de la Colombie-Britannique ou une autre équipe du circuit.
Il a plutôt choisi la meilleure ligue au monde et les Lions de Détroit, même si sa place dans la formation est loin d’être assurée. On lui a simplement promis une véritable chance de la gagner.
Il n’y a pas de garantie dans le football professionnel. Tu as des gars comme Russell Wilson qui se font couper d’un club.
C’est un risque parce que j’étais dans une situation confortable en Colombie-Britannique, mais ce n’est pas quelque chose qui m’inquiète du tout. Il y a un côté de moi qui croit vraiment que vivre un certain inconfort peut aider à performer
, explique le colosse de 1,90 m (6 pi 3 po) et 113 kg (250 lb).
Pas une question d’argent
S’il est retranché à la fin du camp d'entraînement l’été prochain, Betts pourrait se retrouver le bec à l’eau pour la saison 2024 autant côté football que financièrement. Son contrat à Détroit ne contenait aucun boni de signature. S’il passe la saison dans la NFL, à l’inverse, il deviendra plus riche qu’il ne l’a jamais été.
C’est sûr que c’est mon travail et j’ai une maison à payer, mais j’ai essayé d’éliminer l’aspect financier le plus possible de ma décision
, assure pourtant l’ex-protégé de Glen Constantin.
« La formule ne change pas. L'objectif est de battre le bloqueur devant moi », décrit Mathieu Betts au sujet de la transition dans la NFL, lui qui n'a rien changé dans son entrainement cet hiver.
Photo : La Presse canadienne / JASON FRANSON
Ça reste du football. C’est un sport et j’ai tellement de plaisir à faire ça. Je trouvais qu’il y avait quelque chose d’un peu poétique d’essayer de réussir où ça n’a pas fonctionné il y a cinq ans.
Chez lui à Québec
Lui qui est attendu à Détroit mi-avril pour le début de neuf semaines d'entraînement supervisé précédant le camp d'entraînement, Mathieu Betts a tout de même trouvé le temps de faire un détour par Québec, mercredi, pour un dîner caritatif de la fondation Aléo.
D’abord parce qu’il se fait un devoir de redonner à Aléo, de qui il a reçu des bourses de sa 4e secondaire à la fin de sa carrière universitaire, mais également parce que la capitale nationale garde une place de choix dans son cœur.
Mathieu Betts a été nommé meilleur joueur de ligne au football universitaire canadien à trois reprises durant sa carrière à Québec.
Photo : Rouge et Or de l'Université Laval / Louis Charland
Quand je traverse le pont Pierre-Laporte, ça fait vraiment du bien. J’adore Québec et j’ai encore plein d’amis ici. J’en ai profité pour aller voir hier les entraîneurs du Rouge et Or
, a raconté celui qui réside à Montréal en saison morte.
La fierté de Constantin
Également présent mercredi, son ancien entraîneur Glen Constantin ne s’est d’ailleurs pas fait prier pour chanter les louanges de l’ex-numéro 9. Il a été un modèle pour le Rouge et Or. Un joueur de football exemplaire qui a eu les projecteurs sur lui toute sa carrière et qui a toujours fait passer ses coéquipiers avant lui
, dit l'entraîneur-chef.
S’il ne s’est pas mêlé de la décision de Mathieu Betts de signer avec les Lions de Détroit, Constantin a tout de même sondé quelques entraîneurs de la NFL de son réseau et il croit aux chances de son ancien protégé.
Je pense que Détroit est une bonne place pour lui. C’est un gars d’effort et c’est une valeur qui est recherchée par l'entraîneur là-bas. Et d’avoir réussi 18 sacs en 18 matchs la saison dernière, peu importe la ligue, c’est spécial.
