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AnalyseÀ la recherche des « meilleurs » jurés pour le procès de Donald Trump

Donald Trump dans une salle de cour.

Il sera difficile de trouver des jurés qui n'ont aucune opinion préconçue sur Donald Trump. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / AFP / STEVEN HIRSCH

Donald Trump aime se vanter qu’il est souvent « le premier » à faire ceci ou à faire cela. Le lundi 15 avril passera assurément à l'histoire, car pour la première fois, un jury sera sélectionné pour le procès pénal d’un ex-président. Cependant, la sélection de ces jurés ne sera pas facile.

Sur la forme, tant la défense que la poursuite tenteront de trouver des jurés qui leur sembleront impartiaux ou, à tout le moins, qui ne pourront pas nuire à leur cause lors des délibérations.

Ainsi, lors de la sélection, les avocats pourront exercer leur droit de refus s’ils estiment que tel ou tel candidat juré ne convient pas, parfois pour des raisons purement physiques comme les vêtements qu'il porte ou son langage non verbal, entre autres.

Toutefois, ils ne pourront pas éliminer un candidat juré en fonction de sa race, de son sexe, de sa religion ou de son origine nationale. Cela est inadmissible en cour.

On s’en doute, les raisons d’élimination seront probablement d'un tout autre ordre.

Donald Trump face à la justice

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Dessin de Donald Trump lors de sa comparution.

À l'affût des partis pris

La vie publique des jurés potentiels fera l'objet d'un examen minutieux, grâce à une recherche exhaustive sur les réseaux sociaux, par exemple, où il est fort possible qu’ils aient des profils affichés publiquement. Il sera alors facile d’y déceler des partis pris potentiels sur ce qu’ils pensent de cette affaire, de Donald Trump, du juge Merchan, qui va présider le procès, ou encore du procureur Alvin Bragg.

Toutefois, il ne sera pas demandé aux jurés pour qui ils ont voté ou voteront, et les avocats ne les interrogeront pas non plus sur leurs affiliations politiques ou sur leurs contributions aux campagnes électorales.

Le juge new-yorkais Juan Merchan, qui supervise le procès, estime que d'autres questions permettront de clarifier ces points de vue.

La salle d'audience du juge Juan Manuel Merchan au tribunal pénal de Manhattan à New York.

Le juge Merchan présidera le procès pénal de Donald Trump à New York. (Photo d'archives)

Photo : afp via getty images / ANGELA WEISS

Les procureurs ont proposé des questions qui allaient plus loin dans l’examen politique des jurés potentiels, mais certaines ont été rejetées par le juge Juan Merchan.

Lors de l'audience du 15 février, un procureur a déclaré que le bureau du procureur Alvin Bragg souhaitait que soit posée une question qui aurait permis de savoir si les jurés potentiels croyaient à la fausse affirmation de Trump selon laquelle il aurait remporté l'élection de 2020.

Les avocats de M. Trump se sont opposés à la question Croyez-vous que l'élection de 2020 a été volée?, qui ne figure donc pas dans le questionnaire rendu public.

Des dizaines de questions

Au total, les jurés potentiels se feront poser pas moins de 42 questions lors de cette sélection, de quoi passer au peigne fin ce bassin de 500 candidats avant d’en retenir 12, plus six suppléants.

Les jurés potentiels devront indiquer les médias en ligne, les émissions d'information et les médias sociaux qu'ils consultent, les balados qu'ils écoutent et s'ils se sont déjà considérés comme des partisans ou des membres d'un des six groupes extrémistes et suprématistes blancs, dont le mouvement QAnon, les Proud Boys et Antifa.

Le micro du juge devant les sièges vides des jurés.

Comme dans bien des procès, des candidats essaient d'échapper à la fonction de juré, alors que d’autres essaient de faire partie du jury. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / Pool

Les jurés seront également interrogés sur leurs relations professionnelles et politiques avec l'ancien président et magnat des affaires new-yorkais. Les avocats leur demanderont si un parent ou un ami proche a déjà travaillé pour une entreprise ou une organisation détenue ou dirigée par Donald Trump ou par un membre de sa famille.

Il leur sera également demandé s'ils ont déjà assisté à un rassemblement ou à une activité de la campagne de l’ex-président, s'ils se sont portés volontaires pour sa campagne ou s'ils ont participé à des actions anti-Trump.

Ils devront répondre sans ambages à cette question fondamentale : Avez-vous des opinions bien arrêtées ou des croyances bien ancrées sur la question de savoir si un ancien président peut être inculpé au pénal devant un tribunal d'État?

Et voici la dernière question à laquelle chaque juré potentiel devra répondre honnêtement :

Existe-t-il une raison, qu'il s'agisse d'un préjugé ou d'autre chose, qui vous empêcherait d'être juste et impartial?

Une citation de Une des questions qui seront posées lors de la sélection des jurés

Dans une affaire comme celle-ci, extrêmement médiatisée, le juge sera très prompt à écarter les personnes qui admettront une certaine partialité. Comme dans bien des procès, des candidats essaient d'échapper à la fonction de juré, alors que d’autres essaient de faire partie du jury.

Éviter les taupes

Ceux qui sont un peu trop enthousiastes sont peut-être ceux qu'on veut le plus écarter. Imaginons quelqu’un qui veuille faire partie de ce jury parce qu'il veut écrire un livre à ce sujet ou qu'il veuille se faire interviewer par les médias plus tard pour tout raconter.

Bref, le candidat idéal demeure celui qui semble équitable, impartial, pas quelqu'un qui n'a pas de convictions, de préférences ou d'idéologies fortes, mais un juré qui peut assurer sous serment, pendant la sélection, qu'il peut mettre de côté ses préférences, ses aversions, ses idéologies, et décider de l'affaire en se fondant uniquement sur les preuves qu'il verra au cours du procès.

Cela ne sera pas une mince affaire d'en trouver 18 [12 jurés et six suppléants], car, à New York, ville majoritairement démocrate, il est difficile de ne pas avoir d'avis sur l’ex-président qui se retrouvera dans le box des accusés.

Donald Trump est assis dans une salle d'audience avec ses avocats à New York.

Plutôt que de vouloir subir son procès le plus vite possible, Donald Trump a tout fait pour qu'il soit retardé, mais sans succès. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / Pool

Donald Trump a vécu pendant des décennies à Manhattan, où il s'est d'abord fait un nom en tant qu'arrogant promoteur immobilier ayant le sens de la publicité. Il est donc peu probable de trouver un seul juré qui n'ait pas d'opinion sur l’ex-président.

Les procureurs, l'avocat de la défense et le juge vont malgré tout essayer de détecter toute taupe, toute personne qui, selon eux, pourrait essayer de se glisser dans le jury pour des raisons néfastes.

Une fois que ces jurés auront prêté serment et que le juge leur aura posé des questions très pointues, voire personnelles, puis des questions complémentaires de la part de l'accusation et des avocats de la défense, il sera possible d'avoir l’heure juste sur chaque candidature. Il appartiendra alors aux parties de décider si elles veulent récuser cette personne pour un motif valable, s'il y a quelque chose qui ne va pas dans les réponses qu'elle donne ou dans son comportement lorsqu'elle donne ses réponses.

L'actrice de films pour adultes Stormy Daniels (Stephanie Clifford) sort du tribunal du district sud de New York lors d'une audience liée à Michael Cohen, l'avocat personnel et confident de longue date du président Trump à New York.

Cette affaire tourne autour des pots-de-vin payés par Donald Trump à Stormy Daniels présumément pour acheter son silence lors de la campagne présidentielle de 2016.

Photo : Getty Images / Drew Angerer

Le processus de sélection des 12 jurés et des six suppléants peut s'apparenter à un jeu d'échecs. Si vous demandiez à des procureurs et à des avocats de la défense quel est leur type de juré préféré ou quelles sont leurs préférences, ils passeraient probablement beaucoup de temps à vous dire ce qu'ils ne veulent pas chez un juré plutôt que ce qu'ils veulent.

Fébrilités de cour

Cette affaire de pots-de-vin versés à Stormy Daniels, une ancienne actrice porno, pour lui acheter son silence pendant la campagne présidentielle de 2016, peut entraîner jusqu'à quatre ans de prison à l'ex-président s'il est reconnu coupable.

Même si certains pensent que cette cause n’est pas forcément la plus forte contre Donald Trump, il reste qu’on peut imaginer la fébrilité du camp de l’ex-président qui, il faut le dire, aura tout fait jusqu’à la dernière minute à coups de demandes d’injonctions et de motions judiciaires, sans succès, pour retarder ce premier procès.

Certains diront que si vous n’avez rien à cacher, vous devriez plutôt souhaiter que le procès ait lieu le plus vite possible, histoire de ne plus ternir votre réputation, mais ce n’est pas l’avenue qu’a choisie Donald Trump, pour des raisons qui lui appartiennent.

Bonne ou mauvaise stratégie? En tout cas, à compter de lundi, la sélection de 18 personnes, dont 12 auront à se prononcer lors du verdict, sera enclenchée, pour le meilleur et pour le pire.

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