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Le prix de l’essence bondit au Québec et en Ontario; à qui la faute encore?

Un panneau publicitaire éclairé, la nuit, dans une station-service, affichant le litre d'ordinaire à 1,89 $.

Les automobilistes sont confrontés à des prix de l'essence plus élevés à bien des endroits au pays, jeudi. À Montréal, la hausse a fait bondir le prix du litre d'ordinaire à près de 1,90 $, voire presque 1,92 $ à certains endroits.

Photo : Radio-Canada / Alain Béland

Les automobilistes canadiens sont confrontés jeudi à une hausse subite du prix de l'essence. À Montréal le coût du litre d'ordinaire atteint à certains endroits près de 1,92 $ tandis qu'à Québec, des stations-service l'ont fait passer à 1,90 $. Et les raisons de cette augmentation sont variées.

Le Québec n'est pas le seul endroit touché par cette hausse. En Ontario, le litre d'ordinaire est passé d'environ 1,66 $ mercredi à près de 1,80 $ jeudi.

Selon l'analyste Dan McTeague, du site gaswizard.ca, ces prix représentent un sommet en deux ans dans l'est du Canada. Cet expert prévoit que le prix à la pompe devrait connaître une baisse d'environ quatre cents le litre dans la plupart des villes québécoises et ontariennes, dès vendredi.

Pour Carol Montreuil, vice-président pour l'est du Canada de l'Association canadienne des carburants, ce qui se passe sur la scène géopolitique mondiale explique en partie cette hausse substantielle.

En entrevue jeudi à Tout un matin, sur ICI Première, il a cité la guerre entre l'Ukraine et la Russie, celle opposant Israël au Hamas dans la bande de Gaza et la menace qui pointe du côté de l'Iran, auteur d'une attaque frontale sans précédent contre Israël, samedi dernier.

Affrontements, tensions, nervosité des marchés, au final, le cumul de ces pressions-là exerce un impact sur la matière première, le pétrole brut, dit M. Montreuil. C'est de loin le facteur le plus important.

Les marchés mondiaux ont la mauvaise habitude d'escompter un peu ce qui pourrait arriver. Ce n'est pas une situation unique au Québec.

Une citation de Carol Montreuil, vice-président pour l'est du Canada de l'Association canadienne des carburants

En mars dernier, Riyad et Moscou, piliers de l'alliance OPEP+ des pays exportateurs de pétrole, avaient prolongé leurs coupes volontaires jusqu'à la mi-2024 pour soutenir des cours minés par l'incertitude économique.

Et il y a aussi les taxes

Autre explication : les taxes qui composent le coût du litre d'essence à la pompe. Les gens l'oublient parfois, mais on est rendus à plus de six taxes différentes à la pompe, explique M. Montreuil.

Certes, la taxe carbone instaurée par le gouvernement fédéral ne s'applique pas au Québec (qui tarifie ses émissions de GES à l’aide d'un système de plafonnement et d’échange de droits d’émission).

Mais d'autres facteurs liés aux taxes entrent en ligne de compte, comme cette nouvelle réglementation, promulguée en juillet dernier au pays, qui oblige les fournisseurs de combustibles à réduire graduellement l’intensité en carbone de l’essence et des carburants diesel qu’ils produisent et vendent.

Selon une analyse du bureau du directeur parlementaire du budget à Ottawa (DPB), ces exigences environnementales pourraient faire grimper de 17 cents le litre d'essence en 2030, lorsque la sévérité des normes atteindra un sommet.

Les consommateurs ne le savent pas toujours, mais le cumul de ces taxes environnementales, on l'a vu ces derniers mois, [exerce une] pression à la hausse sur ces taxes-là, décrit Carol Montreuil.

À la fin, ça paraît, ça s'additionne.

Essence d'été, essence d'hiver

Enfin, autre élément d'explication : le passage de l'essence d'hiver à l'essence d'été. L'essence d'été est plus coûteuse à produire, puisque certains éléments y sont ajoutés pour la rendre moins volatile.

Pourquoi l'essence doit-elle être adaptée au rythme des saisons? En raison des normes de performance, répond M. Montreuil : quand il fait très froid l'hiver, il faut qu'il y ait des vapeurs d'essence pour que l'allumage se produise lorsqu'on démarre la voiture. L'été, quand il fait très chaud, ces vapeurs d'essence sont moins nécessaires. La tension de vapeur, qui est source de pollution, n'a pas à être aussi élevée. Donc, on abaisse ces niveaux-là.

Mais, en clair, le passage d'un type d'essence à un autre a peu d'incidence sur le prix à la pompe, résume le responsable de l'Association canadienne des carburants. On parle de fractions de sous... Les autres facteurs sont de loin plus importants.

Pas si payant que ça, vendre de l'essence?

Carol Montreuil dément par ailleurs l'idée que les stations-service s'en mettent plein les poches en vendant de l'essence : le rendement de l'investissement tourne autour de 6, 7 % ou 8 %, affirme-t-il. Ce n'est pas [comme] les pharmaceutiques ni les banques. Ce n'est pas une business qui fait des profits exagérés.

Il en va autrement dans le secteur de l'exploration pétrolière : Quand le prix du brut s'enflamme, si vous êtes quelqu'un qui vendez du pétrole brut, vous allez faire des profits importants avec l'exploration.

Mais ce n'est pas le cas pour le raffinage et la vente au détail.

Le sujet rebondit en Chambre

À l'Assemblée nationale du Québec, jeudi, le sujet a fait l'objet d'un échange entre le premier ministre François Legault et le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon. Le PQ réclame une enquête de l'Office de la protection du consommateur pour casser le cartel du pétrole et l'imposition de pénalités financières aux pétrolières pour la fixation des prix.

Dans sa réponse, le premier ministre a évoqué la nervosité des marchés à la perspective d'un envenimement du conflit à Gaza, et l'impact que cela pourrait avoir sur la production de pétrole.

Donc, il y a une hausse du prix du pétrole brut, a dit François Legault.

Mais, d'ajouter le premier ministre, le vrai enjeu n'est pas le prix du pétrole brut, mais les marges de profit et là-dessus, le ministre de l'Économie [Pierre Fitzgibbon] fait un suivi.

Le premier ministre a reproché au chef péquiste de faire un lien entre le prix du litre d'essence à la pompe et les tensions géopolitiques alors que, dans ce dernier domaine, dit François Legault, le Québec subit exactement ce qui se passe ailleurs.

En février dernier, le ministre Fitzgibbon avait indiqué avoir mandaté un spécialiste pour tenter de savoir pourquoi les automobilistes de la péninsule gaspésienne paient très souvent l’essence plus chère qu’ailleurs au Québec.

Plus tôt, soit l'automne dernier, M. Fitzgibbon avait demandé à la Régie de l'énergie de se pencher sur les marges de profit qu'engrangent les stations-service de la grande région de Québec.

Le ministre de l'Économie dit avoir reçu un rapport d'expert à ce sujet et qu'il en divulguera sous peu les résultats.

Une version plus courte de cette nouvelle est disponible en arabe (Nouvelle fenêtre) sur le site de RCI (Nouvelle fenêtre).

Avec les informations de La Presse canadienne

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