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AnalyseComment briser l’impasse entre le gouvernement et la FIQ?

Un drapeau de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec est brandi devant le pont de Québec.

L’entente de principe conclue avec Québec a été rejetée à 61 % par les membres de la FIQ en avril. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Les plus récentes nouvelles ne laissent présager rien de bon pour la reprise des négociations entre le gouvernement et la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ). Une entente de principe avait été conclue le 19 mars dernier, mais les membres ont fait fi de la recommandation de leur syndicat : 61 % d’entre elles ont rejeté le texte.

Lundi dernier, au terme d’une nouvelle consultation menée auprès de ses quelque 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes, la FIQ a présenté les cinq priorités qu’elle a retenues pour la suite des choses. Jeudi, François Legault a affirmé que le gouvernement ne reculera pas quant à ses demandes pour obtenir plus de flexibilité de la part de ses employées. Vendredi, une dépêche de La Presse canadienne nous apprenait qu’un écart colossal séparait les parties, de l’aveu même des négociateurs patronaux.

Aucune séance de négociation n’est prévue pour l’instant, le gouvernement souhaitant prendre du recul pour étudier les demandes du syndicat. Et même en y mettant beaucoup de temps, on voit mal quel compromis pourra être trouvé.

À chacun son diagnostic

Pour la FIQ, les problèmes actuels du réseau de la santé tiennent en bonne partie aux mauvaises conditions de travail de ses membres. Pour la CAQ, c’est plutôt la rigidité et l’intransigeance des syndicats qui en seraient la cause.

Au cœur du litige : la mobilité du personnel. Le gouvernement veut élargir la définition des centres d’activité pour pouvoir déplacer plus facilement ses employés d’un service à l’autre et ainsi combler ses besoins en main-d’œuvre. Le syndicat s’y oppose, plaidant que ses membres ont chacune leur spécialité et qu’elles ne sont pas interchangeables.

Toute la stratégie gouvernementale de négociation repose pourtant sur un principe simple : des augmentations de salaire plus élevées qu’à l’habitude, en échange de concessions sur l’organisation du travail. Les enseignantes de la FAE et de la CSQ, par exemple, ont accepté que soit devancée la date où les classes sont attribuées, question de mieux planifier la rentrée scolaire. Les 120 000 employés du réseau de la santé, représentés par la FSSS-CSN, quant à eux, ont accepté une certaine mobilité de personnel.

Des personnes manifestent avec des drapeaux de la Fédération autonome de l'enseignement.

L’entente de principe entre la FAE et Québec a été acceptée de justesse en février. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Or, les membres de la FIQ n’entendent pas céder sur la question de la mobilité, mais souhaitent quand même obtenir les augmentations de 17,4 % sur cinq ans consenties aux autres syndiqués. On veut aussi que la prime salariale de 3,5 % octroyée durant la pandémie soit pérennisée, en sus de l’augmentation déjà négociée.

Au gouvernement, on juge impensable d’accorder à la FIQ les mêmes augmentations de salaire que celles versées aux autres syndicats, sans concession sur la question de la mobilité. Les syndicats qui ont déjà signé verraient d’un très mauvais œil que la FIQ touche le même argent sans faire les compromis auxquels ils ont dû, eux, se résoudre.

À cela s’ajoute la question des employées à temps partiel. Afin d’encourager le travail à temps plein, le gouvernement et la FIQ s’étaient entendus pour offrir des incitatifs financiers à celles qui accepteraient de travailler à temps plein, comme la modulation de certaines primes en fonction du nombre d’heures travaillées. La FIQ demande maintenant que soient bonifiées les conditions de travail des membres à temps partiel, ce qui pourrait atténuer l’effet des mesures négociées pour inciter au travail à temps plein.

Chacun dans son coin

Avant même que les pourparlers ne débutent officiellement, il y a de cela plus d’un an, on savait déjà que les négociations seraient difficiles. Le premier ministre Legault avait lancé les hostilités en s’en prenant publiquement à la présidente de la FIQ. Le ton du syndicat, tant lors de ses sorties publiques que dans ses communications auprès de ses membres, n’invitait pas au compromis.

Au fil des mois, chacun a fait monter les attentes. Le gouvernement a jeté les bases d’une grande réforme, censée régler une fois pour toutes les problèmes d’accès aux soins. Santé Québec a maintenant été officiellement créée et sa nouvelle présidente nommée, mais encore faut-il donner à cette organisation les leviers nécessaires pour qu’elle puisse réaliser son mandat. Le ministre Christian Dubé réitère que cela passe entre autres par des conventions collectives plus flexibles.

Christian Dubé et Geneviève Biron en point de presse.

Le ministre Christian Dubé a nommé Geneviève Biron, ex-PDG de Biron Groupe Santé, à la tête de Santé Québec.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

La FIQ, pour sa part, n’a pas lésiné sur les moyens pour mobiliser ses membres, avec les résultats qu’on connaît. Ragaillardies par le discours de ses dirigeantes, les syndiquées n’ont pas voulu des compromis qu’on leur proposait. Et la méfiance, instillée au cours des négociations, ne semble pas vouloir se dissiper au sujet de la notion de mobilité; on craint des abus.

Les deux parties ont pourtant intérêt à s’entendre sans trop tarder. En baisse dans les sondages et traînant un lourd déficit de 11 milliards de dollars, le gouvernement ne peut pas se permettre de voir sa nouvelle réforme avorter, faute d’entente avec un syndicat aussi important que celui des infirmières. Il faudra des résultats, et vite!

La FIQ, de son côté, a perdu son élan. La direction syndicale a été fragilisée par le rejet de l’entente de principe et le mouvement d’appui envers les syndicats, auquel on a assisté l’automne dernier, s’est estompé depuis que les grandes centrales se sont entendues avec le gouvernement.

Pour l’instant, toutefois, rien ne laisse présager un règlement rapide.

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