Négociations en éducation : les enseignants rejettent l’offre de la province
La STF invite la province à revenir à la table de négociation « avec un nouveau mandat » les 13 et 14 mai. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Heywood Yu
Après deux jours de vote, les membres de la Fédération des enseignants de la Saskatchewan (STF) ont rejeté massivement l'accord de principe conclu entre le syndicat et le gouvernement provincial. Les deux parties devront donc retourner à la table de négociation pour trouver une nouvelle entente.
La STF juge que l'offre finale présentée par le gouvernement a été refusée de manière retentissante
par 90 % des membres ayant voté. Au total, 92,2 % des membres du syndicat ont participé au scrutin.
Une situation qui crée de l'incertitude tant chez les parents que chez les élèves.
Le message adressé au gouvernement et à l’Association des divisions scolaires de la Saskatchewan est clair comme de l'eau
, indique la présidente de la STF, Samantha Becotte, dans un communiqué.
Leur soi-disant "offre finale" est inacceptable et ne rend pas service aux élèves et aux enseignants.
La STF invite maintenant la province à revenir à la table de négociation avec un nouveau mandat
les 13 et 14 mai.
« Je vois ce vote comme un nouveau départ pour la suite des choses », explique Samantha Becotte. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Cory Herperger
En conférence de presse vendredi matin, Samantha Becotte a répété que les membres du syndicat désirent obtenir des gains additionnels sur leur rémunération ainsi qu’une augmentation des ressources disponibles pour les enseignants dans les salles de classe.
Nous voulons être sûrs que les élèves ont accès aux meilleures conditions pour réussir
, dit-elle.
Pour démontrer sa bonne foi
dans la suite des négociations, la Fédération des enseignants souligne qu’elle n’annoncera pas de nouveaux moyens de pression pour le moment. Des actions pourraient toutefois être prises si aucune entente n’est conclue entre les parties, précise Samantha Becotte.
Le 15 et 16 mai prochain, la STF demandera d'ailleurs à ses membres de lui redonner un mandat l'autorisant à mettre en place des moyens de pression au-delà de la fin de l'année scolaire.
Alors que la fin d'année scolaire arrive à grands pas, Jeremy Cockrill se dit toujours « fermement engagé » à s’assurer que les cérémonies pour les finissants aient lieu. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Cory Herperger
De son côté, le ministre de l’Éducation de la Saskatchewan, Jeremy Cockrill, se dit déçu
du résultat du vote des enseignants.
Nous pensions qu’il s’agissait d’une entente juste et équitable
, a-t-il dit vendredi matin.
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Jeremy Cockrill est d'avis que les enseignantsont rejeté un accord négocié entre le gouvernement, les divisions scolaires et la STF qui réflète les intérêts fondamentaux des élèves, des enseignants, des parents et des contribuables de la Saskatchewan
.
Le meilleur accord sera conclu à la table de négociation. Les deux parties devraient immédiatement accepter d'y retourner et éviter toute autre sanction qui pourrait compromettre le temps d'instruction et les événements importants pour les élèves de la Saskatchewan.
Pour sa part, la cheffe de l’opposition officielle, Carla Beck, souligne que ce vote envoie un message clair au gouvernement de Scott Moe
.
J’espère toujours qu’une entente est possible entre les parties, mais le gouvernement devra faire preuve d’humilité et aura besoin d’effectuer un examen de conscience
, affirme-t-elle.
L’ALEF n’est pas surprise du rejet de l’offre finale
Le président de l’Association locale des enseignants et des enseignantes fransaskois (ALEF), Daniel Dion, estime que les propos dans l’offre du gouvernement n’étaient pas assez sincères pour assurer l’amélioration des conditions d’apprentissage et de travail pour les enseignants
.
Les gens disaient de façon ouverte que ce n’était pas acceptable mais, en termes de pourcentage, je suis quand même étonné du mandat très fort donné par les enseignants.
Nos conditions ne sont pas fantastiques [...] et les enseignants ont ça à cœur. Quand on a un problème, les gens participent
, souligne-t-il.
C’est un vote qui soutient la position du comité de négociation [de la STF] qui dit que c’est une offre insatisfaisante, ce qui veut dire qu’il faut revenir à la table [de négociation]
, ajoute Daniel Dion.
Un accord refusé et des menaces de vacances écourtées
Conclu en avril dernier, cet accord de principe était le résultat d'un processus de négociation mené sur plusieurs mois entre la STF et la province. Il vise à remplacer le précédent contrat de travail des enseignants qui a pris fin le 31 août dernier.
Cette entente d'une durée de trois ans comportait une augmentation salariale de 3 % pour les deux premières années et de 2 % pour la troisième année.
L’accord de principe comprenait également un paiement rétroactif s’appliquant à compter de septembre 2023. Un cadre de responsabilité entre les parties fait aussi partie de l’accord.
Environ 13 500 enseignants et 765 écoles saskatchewanaises ont été touchés par les moyens de pression mis en place depuis janvier. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Heywood Yu
Lundi, le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a laissé entendre que l’année scolaire pourrait être prolongée si le nombre d'heures d'enseignement requis n'était pas respecté en raison des moyens de pression mis en place par la STF.
Il a également répété que cet accord était équitable
pour les deux parties et méritait d'être ratifié
dans l'intérêt du système éducatif.
Samantha Becotte a cependant précisé à de nombreuses reprises que la STF ne formulerait pas de recommandations de vote à l'intention de ses membres.
Une tension qui dure depuis des mois
En décembre, la STF a annoncé que les négociations avec la province étaient arrivées dans « une impasse ». Ainsi, depuis janvier, les enseignants de la province ont participé à divers moyens de pression, notamment des grèves, dans le but d’obtenir des gains pour leur nouvelle convention collective.
Le syndicat a tenu sa première journée de grève à l’échelle provinciale, le 16 janvier. Environ 13 500 enseignants et 765 écoles saskatchewanaises ont été touchés.
Progressivement, la STF a intensifié ses moyens de pression, notamment en annonçant des journées de grève tournante. À de nombreuses reprises, les enseignants ont refusé de surveiller les élèves pendant l’heure du midi. Ils se sont également retirés des activités parascolaires.
Selon la STF, la province a refusé de prendre des mesures nécessaires pour résoudre les multiples difficultés auxquelles font face les écoles de la Saskatchewan, notamment la complexité des salles de classe.