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Ben Prentiss, le préparateur physique derrière les succès de Martin St-Louis

Un homme est assis sur une chaise avec, en arrière-plan, des chandails de hockey autographiés et encadrés sont fixés au mur.

Ben Prentiss

Photo : Radio-Canada / Sébastien Lauzon

STAMFORD, Connecticut - On entre au gymnase de Ben Prentiss comme dans un musée. Les murs sont tapissés de centaines d’articles de collection de joueurs de la LNH qu’il a fait suer. Parmi eux, Martin St-Louis, le plus grand fervent de conditionnement physique qu’il ait jamais rencontré.

Prentiss se tient debout au fond de la pièce, une salle d’entraînement qui ressemble, d’une certaine façon, à un temple de la renommée. L’endroit est décoré de chandails, de bâtons et de photos autographiés par des hockeyeurs de renom. Tout ce beau monde s'est déjà fié aux conseils de ce réputé préparateur physique dont le gymnase se trouve au deuxième étage d’un aréna, à Stamford, au Connecticut.

Le New-Yorkais attend l’arrivée d’une vingtaine de joueuses de hockey d’une équipe de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF), celle de New York justement, avec laquelle il collabore depuis peu.

On a frappé un coup de circuit, résume le directeur général de l’équipe, Pascal Daoust. Tellement d’athlètes de haut niveau lui ont fait confiance. On va pouvoir profiter de son réseautage. Je le vois comme le chef de notre département de la haute performance que je veux mettre en place.

Prentiss est bien sûr dans une forme splendide. Pas une once de graisse en trop, le visage mince et à peine quelques rides pour trahir sa cinquantaine.

Étendu sur un coussin, un chien observe son maître. Tango a récemment remplacé le valeureux et regretté Hammer qui, avec ses mimiques, a réussi pendant plus d’une décennie à animer le gymnase et à dérider les athlètes qui s'y entraînaient.

Prentiss aime la présence d’un animal durant les entraînements. La bête s’exprime avec intensité. Les nouvelles clientes hockeyeuses l’ont vite remarquée dans ce repaire pour athlètes professionnels, aussi ouvert au public.

Martin St-Louis, le modèle

Martin St-Louis est l’ancien joueur de la LNH dont les souvenirs sont le plus en vue aux quatre coins de la pièce.

L’ex-joueur étoile du Lightning de Tampa Bay devenu entraîneur du Canadien de Montréal est le fidèle client et ami de Prentiss. St-Louis a d’ailleurs pris la peine de le remercier dans son discours d’intronisation au Temple de la renommée de la LNH, en 2018.

Il m’avait invité à la cérémonie, indique Prentiss. Le succès d’un athlète dépend de tellement de personnes durant son parcours. Il a reconnu ma petite contribution. C’est l’une des fois où j’ai été le plus fier de ce que j’ai accompli dans la vie.

L’Américain parle de Martin St-Louis avec admiration. Il suffit de regarder autour pour se laisser éblouir par les objets témoignant des nombreux exploits de l’attaquant québécois, qu’il est fier d’afficher dans son gymnase.

À ce jour, je n’ai jamais vu un athlète comme lui, s’exclame Prentiss.

On s’est entraîné ensemble pendant 11 ans, chaque été. Mon travail ne consistait pas à le pousser, mais plutôt à l’aider à bien doser ses efforts. Son éthique de travail était irréprochable. Je crois lui avoir donné suffisamment de fil à retordre, rigole Prentiss.

L'association de Prentiss et du joueur étoile du Lightning est née quelques années après que le premier eut commencé à superviser les entraînements de quelques joueurs de la LNH dans un modeste local d’une vieille station d'essence, à Darien, à une quinzaine de minutes du gymnase Stamford, beaucoup plus spacieux, aménagé en 2016.

Jason Arnott a été mon premier client de la LNH et les autres sont venus grâce au bouche-à-oreille. Puis, un jour, en 2006, j’ai reçu l’appel de l’agent de Martin St-Louis. Il avait besoin d’un préparateur physique parce que Martin, selon ses standards, jugeait qu’il avait eu une mauvaise saison…

Vérification faite, cette année-là, Martin St-Louis s’était contenté de 61 points en 80 matchs après une saison perdue à cause d’un lock-out.

Champion compteur de la saison 2003-2004, l’attaquant du Lightning, à 30 ans, désirait trouver quelqu'un pour se donner un nouvel élan.

Je ne vais jamais oublier tout ce temps que nous avons passé ensemble, insiste Prentiss.

Parmi les chandails de St-Louis, il y a celui signé de la main de l'explosif patineur, accroché au mur en dessous du bâton souvenir de son 1000e match dans la LNH.

Merci Ben, je ne me suis jamais senti si bien préparé pour atteindre mes objectifs, peut-on lire sur l'objet.

Un record qui le rend fier

Les remerciements de St-Louis étaient pleinement mérités. La saison précédente, le no 26 du Lightning avait à nouveau été sacré champion marqueur de la ligue. Mais cette fois-ci, à 37 ans, St-Louis devenait le joueur le plus âgé à gagner ce titre dans l'histoire de la LNH.

On s’est lancé beaucoup de défis pour améliorer sa condition physique. Réussir ça à cet âge-là, c’est tout un exploit. Ma contribution est modeste, mais elle me rend fier. Il est le premier de mes clients au Temple de la renommée du hockey!

En 25 ans de carrière, Ben Prentiss a poussé un grand nombre d’athlètes d’élite à dépasser leurs limites pour qu’ils arrivent dans une forme optimale à leur retour avec leur équipe. Al MacInnis, Keith Tkachuk, Chris Pronger, Jeremy Roenick et Brad Richards, entre autres, figurent au nombre de ses clients parmi l’élite d’antan.

Adam Fox, Trevor Zegras, Chris Kreider, Charlie Mcavoy et les vétérans Jonathan Quick et Max Pacioretty sont d’autres joueurs toujours actifs qui font appel à ses services.

Max Pacioretty, l'homme fort

C’est d’ailleurs Martin St-Louis qui a incité Pacioretty, à l’époque un joueur prometteur de l’organisation du Canadien, à faire confiance à Prentiss pour sa mise en forme estivale.

Je travaille avec Max depuis qu’il a 20 ans, précise-t-il en se remémorant la résilience dont avait dû faire preuve Pacioretty au début de sa carrière.

Le 8 mars 2011, Ben Prentiss reçoit l’appel de la conjointe du joueur après que ce dernier eut encaissé une violente mise en échec de Zdeno Chara, des Bruins de Boston. Pacioretty était demeuré inanimé sur la glace après un terrible choc avec une tige soutenant la baie vitrée.

Mon cœur s’est arrêté de battre, se souvient Ben Prentiss avec émotion.

La scène était effrayante. Sur le coup, on ne connaissait pas la nature de sa blessure, mais on pouvait craindre le pire, se rappelle-t-il.

Il a souffert d’une fracture d’une vertèbre cervicale et d’une commotion cérébrale. Nous avons travaillé ensemble pendant cinq mois d’affilée pour qu’il se remette sur pied. On est devenus très proches. La saison suivante, Max a gagné le trophée Bill-Masterton pour avoir démontré le plus de persévérance et d'esprit d’équipe.

Ben Prentiss ne cache pas qu’il aurait aimé être un athlète et gagner sa vie en pratiquant un sport.

J'ai frappé le mur, comme de nombreuses personnes qui pratiquent mon métier, avoue-t-il humblement.

J’ai donc consacré la deuxième moitié de ma vie à mon rôle de préparateur physique pour garder un contact avec les athlètes. Je cherche à découvrir la façon la plus efficace de les pousser à devenir meilleurs. Il faut apprendre à les connaître. Les exercices dans les livres ou à l’université ne sont pas suffisants. Je trouve mon bonheur dans le processus pour y arriver, plus que dans les résultats.

Martin St-Louis, l'entraîneur

Le préparateur physique observe à distance le travail de Martin St-Louis à Montréal. Il est loin d’être étonné par la manière avec laquelle l’entraîneur du Canadien livre son message, souvent de manière colorée, pour expliquer sa vision du hockey.

Si vous connaissiez Martin…, commence-t-il par dire en riant. Il passe son temps à réfléchir. Il voit le hockey différemment. Il est dévoué à son travail et sait comment établir des liens avec le monde. Je ne suis pas surpris de son succès.

L’été dernier, lorsque les deux hommes se sont retrouvés derrière le même banc lors d’un match de hockey au profit d'une œuvre de bienfaisance, St-Louis a offert ce conseil à Prentiss : Tu ne deviendras jamais un bon entraîneur si tu es trop excité, lui a-t-il glissé à l’oreille pendant la rencontre.

Il fut une époque où c’est Ben Prentiss qui devait modérer les ardeurs de Saint-Louis au gymnase. Les temps changent, mais les deux hommes demeurent des passionnés de leur métier.

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