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Le rêve olympique des judokas haïtiens

Alors que la crise continue en Haïti, les athlètes doivent continuer leur préparation en vue des Jeux de Paris. C'est le cas du judoka Philippe Metellus, qui s'entraîne à Montréal.

Un judoka sourit.

Le judoka haïtien Philippe Metellus

Photo : Fédération internationale de judo

Loin du chaos qui règne dans leur pays, les judokas haïtiens s’entraînent dans la sérénité du dojo d’Ernst Laraque à Montréal.

Celui qui a été sept fois champion haïtien et deux fois champion canadien entraîne aujourd'hui une partie de l'équipe haïtienne de judo.

Sur le tatami, Philippe Metellus et Hensley Petit-Frère suivent à la lettre les consignes de leur entraîneur, qui a participé deux fois aux Jeux olympiques. Ici, les entraînements se font en créole et en français.

Le reportage de Robert Frosi

Ernst Laraque scrute minutieusement chacun des gestes de ses protégés qu'il faut répéter et répéter sans cesse. Des gestes qui ont amené le judoka sur les plus hautes marches des podiums. À son tour, il veut partager son savoir et il explique comment il est ainsi devenu entraîneur au niveau national.

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Plusieurs personnes de dos, les mains en l'air, célèbrent un jeu de football à la télévision.

J’ai été athlète pour Haïti, j’ai représenté le pays deux fois aux Jeux olympiques. Même si je suis ici au Canada, je suis toujours resté en contact avec le judo haïtien. Mes parents ont encore un club en Haïti. Il y a donc des athlètes qui sont venus d’Haïti pour s’entraîner ici. Mais les conditions sont très très difficiles pour eux parce qu'ils n’ont aucune aide de l’État haïtien, zéro! Aucune aide du comité olympique.

Philippe Metellus est né à Montréal, mais c’est en Haïti qu’il a passé toute son enfance. Revenu à Montréal pour poursuivre ses études universitaires à HEC, il est aujourd’hui comptable agréé. S’il compte bien se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris, être un judoka haïtien, pour lui, est un véritable parcours du combattant.

Normalement les gens avec qui je me bats, ils ont juste cela à penser, s’entraîner et combattre. Moi, je suis obligé de travailler pour pouvoir subvenir aux besoins financiers de mes voyages et de mon quotidien. Donc, c’est encore plus difficile parce que je dois tout gérer, explique celui qui s’entraîne en ce moment sept jours sur sept à raison de deux à trois entraînements quotidiens.

Philippe Metellus ajoute qu’il doit s’occuper aussi de tout ce qui concerne ses compétitions afin d'obtenir sa qualification olympique.

Je dois réserver et payer mes billets d’avion, les hébergements et mes déplacements. Quand j'arrive dans une compétition, je dois m’occuper des accréditations parce que 90 % du temps je suis tout seul à l’autre bout du monde, souvent sans entraîneur. Je dois tout gérer moi-même.

Une citation de Philippe Metellus, judoka
Il effectue une prise pour renverser un adversaire.

Le judoka Philipe Metellus en action

Photo : Fédération internationale de judo

Loin des siens, Philippe parle à sa famille quotidiennement, et les nouvelles sont loin d’être rassurantes. Une pression additionnelle pour sa préparation olympique.

C’est sûr que c’est beaucoup de soucis, parce que j’ai encore de la famille en Haïti, des amis, et de voir comment la situation évolue et que cela ne va pas dans le bon sens, c’est un souci additionnel.

Si la préparation olympique se fait ici sereinement, il en est tout autre pour le reste de l'équipe haïtienne qui est restée au pays. Les judokas doivent composer avec les nombreuses difficultés dues au chaos et à l'insécurité qui règnent là-bas, comme le précise Ernst Laraque.

Pour le reste de l’équipe haïtienne, c’est le chaos, comme en Haïti. Ils sont parfois obligés de changer de local pour essayer de regrouper les gens. Ceux qui n'y arrivent pas ne s'entraînent pas. Ils se retrouvent donc souvent livrés à eux-mêmes. Pour ces judokas qui aspirent à une qualification olympique ou à une participation à une rencontre internationale, c'est un vrai calvaire. Ce sont des conditions vraiment difficiles.

La qualification olympique n’est pas encore acquise pour Philippe Metellus. Il doit maintenant organiser ses voyages en Géorgie, en Turquie et enfin à Cuba pour espérer avoir son billet pour Paris 2024. Une qualification qui représente beaucoup pour lui.

Pour moi, c’est une fierté, une fierté, vous voyez, parce que c’est mon pays. C’est là que j’ai grandi. En général, quand on parle d’Haïti, ce n’est pas nécessairement pour les meilleures raisons, alors moi, j’ai envie de redonner de l'espoir. Partout où je vais à l’international, je veux donner une image différente de ce que les gens voient d'Haïti. Pour moi, cela représenterait beaucoup de représenter Haïti aux Jeux olympiques.

Un homme se tient debout sur des tatamis.

Le judoka Hensley Petit-Frère

Photo : Radio-Canada

L’autre judoka sur le tatami, c’est Hensley Petit-Frère. En Haïti, il va découvrir le judo, mais comme un loisir. Après avoir terminé ses études classiques dans son pays, il va venir à Montréal pour ses études universitaires en biochimie. C’est là qu’il va parfaire son judo et surtout faire une rencontre déterminante avec Ernst Laraque.

Au début, je faisais cela de manière récréative, mais Ernst m’a dit que j’avais un grand potentiel pour devenir un judoka de haut niveau. J'ai donc commencé à m'entraîner très fort pour enfin atteindre l'équipe nationale. J’ai réalisé un rêve d’enfance, car à l’époque, en Haïti, mes parents ne voulaient pas que je pratique le judo de haut niveau, car ils voulaient que je me consacre à mes études.

Aujourd’hui, Hensley rêve de médailles et de podiums. Il sait que le chemin sera long. Mais il est déterminé à montrer que l’on peut concilier les études, le sport de haut niveau et garder l'espoir que la paix revienne un jour dans son pays. Il s'accroche donc à son objectif ultime, le rêve olympique.

Mon but est de représenter Haïti aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028. Représenter la nation c’est toujours une grande fierté surtout avec tout ce qui se passe en Haïti. Je veux donner une autre image du pays, une image positive.

C’est vrai que lorsqu’on voit ce qui se passe en ce moment, c’est difficile. C’est un combat de tous les jours. Des fois, avant les entraînements, tu reçois des nouvelles inquiétantes du pays et cela a un impact. Mais le judo nous permet de passer au travers. J'invite tous les jeunes Haïtiens à trouver dans le sport une manière de s’en sortir et surtout éviter de s’écarter du droit chemin.

Une citation de Hensley Petit-Frère

Au judo, on utilise la force de l’adversaire pour le renverser. Les judokas haïtiens l’ont bien compris et ils comptent bien s’en servir pour montrer que l’espoir existe encore pour l’avenir de leur pays.

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