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La nouvelle carrière de Paul Byron

Casquette sur la tête, il participe à un entraînement de l'équipe.

Paul Byron Photo prise au centre CN à Brossard, Québec. Le 21 septembre 2023 2023/09/21 Sur la photo: (Gauche à droite) Paul Byron

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Paul Byron croyait jouer jusqu’à l’âge de 40 ans. Or, une lancinante blessure à la hanche l’a forcé à renoncer à sa carrière d'athlète. « Tu ne peux plus jouer et tu as 33 ans. Qu’est-ce que tu fais? », a-t-il demandé.

L’ancien ailier du Canadien est très reconnaissant envers l’organisation de lui avoir trouvé du travail l'automne dernier afin qu’il reste avec l’équipe à laquelle il s’identifie.

Byron a encore la mémoire du jeu dans la peau et il ressent de manière aiguë ce que les joueurs vivent. C’est un atout qui l’a bien servi à sa première saison en tant que consultant au développement des joueurs, autant à Laval qu’à Montréal.

En toute fin de saison, par exemple, lorsqu’il aidait Joshua Roy à préparer son retour au jeu avec le Rocket, il lui a conçu le genre d’exercices sur glace qu’il aurait voulu avoir s’il avait été à sa place, des exercices destinés à lui redonner du confort dans ses touches de rondelle, car Roy se remettait d’une fracture à une main.

En revanche, tant d’autres aspects de son travail ont ramené l'ancien hockeyeur à la case départ, comme s’il était à nouveau une recrue.

Tu prends un joueur qui est très bon au niveau où il joue, mais que faire pour en faire un bon joueur de la Ligue nationale? Des fois, tu ne sais même pas comment faire. Tu fais de petites choses, tu t’attardes à de petits détails. Tu regardes beaucoup un joueur pendant un match au lieu de regarder la rondelle, juste pour voir ce qu'il fait et où il va. Et ensuite, tu fais de ton mieux pour utiliser des choses à l’entraînement pour l’aider…

Byron a travaillé de concert avec Adam Nicholas et Scott Pellerin. Mais ayant été joueur jusqu’à tout récemment, il n’avait pas les mêmes connaissances qu’eux pour ce qui est de la méthodologie. Il y est donc allé un peu à tâtons.

J’ai toujours juste été moi-même, dit-il. Comment enseigne-t-on à un joueur qui ne joue pas comme nous? C’est pour cette raison-là que j’apprends beaucoup cette année.

Les heures insoupçonnées

Un joueur de la LNH a un horaire qui a été pensé et structuré pour lui et il le suit sans y penser à deux fois. Ses entraînements, ses repas, les rencontres d’équipes, ses temps libres, tout est programmé.

Maintenant qu’il est de l’autre côté du miroir, Byron constate l’ampleur du défi de travailler dans le hockey en étant entièrement maître de son temps. Il découvre une réalité qu’il n’aurait pas imaginée quand il jouait.

Tu ne sais pas combien d’heures les coachs travaillent. Tu ne sais pas combien de temps ils ont mis à préparer un plan d'entraînement.

Il y a des jours où Byron travaille une heure. Parfois, il en travaille 12. Il n’y a aucune routine préétablie, bien que le suivi des espoirs du junior lui ait vite donné une idée du temps qu’il allait devoir leur consacrer.

Je consacrais beaucoup de temps à Owen (Beck) au début de l’année. Je pouvais regarder ses trois matchs de fin de semaine, ce qui est l’équivalent de quatre heures de vidéo. Si j’ai quatre joueurs juniors qui me sont affectés, c’est deux jours de travail. Je découpe mes films, je fais du montage, puis je leur envoie un courriel.

Une citation de Paul Byron au sujet de sa nouvelle description de tâches

Ça me prend beaucoup de temps parce que c’est encore nouveau pour moi, je ne suis pas très efficace. Les autres ont plus d’années d’expérience que moi.

Un joueur, bouche ouverte, avec ses coéquipiers.

Owen Beck à l'époque où il portait encore les couleurs des Petes de Peterborough.

Photo : David Pickering/Petes de Peterborough

Bien avant qu’il soit échangé au Spirit de Saginaw, Beck connaissait un lent début de saison avec les Petes de Peterborough. Le centre de 19 ans avait la vue obscurcie par les attentes et la pression, et Byron l’a remis en selle en lui faisant comprendre qu’il devait soutirer le maximum de chaque journée et que les entraînements étaient plus importants que les matchs. Car c’est à l’entraînement qu’il pouvait créer de bonnes habitudes et nourrir sa confiance.

Byron juge que son travail auprès de Beck est l’une de ses belles réalisations cette année.

S'il peut s’amener et faire ce que je le crois capable de faire, il pourrait être la surprise de l'année prochaine, c'est certain.

Plus à l’aise à Laval

Lorsque Byron saute sur la glace avec les joueurs du CH à Brossard, Nicholas est le principal instructeur technique en soutien aux entraîneurs de l’équipe. Byron, lui, préfère s’attarder au travail des joueurs qui ont été rappelés du Rocket, et observer Martin St-Louis afin que ses idées et les façons de faire s’alignent encore mieux entre Laval et Montréal.

Certes, Byron était heureux cette année de retrouver sur la glace les Brendan Gallagher, Jake Evans et autres avec qui il a joué. Mais…

Honnêtement, c’est un peu dur ici parce que c’est un peu bizarre. Je ne suis pas encore complètement à l’aise d’être un entraîneur. Quand j’arrive ici, je me sens comme un joueur, tandis que quand je vais à Laval, c’est plus facile parce que je ne connais pas les joueurs. Ils sont jeunes, ils n’ont pas d’expérience et c’est beaucoup plus facile de travailler avec eux.

Il aide le joueur du Canadien à replacer une pièce d'équipement.

Paul Byron donne un coup de main à son vieux pote Brendan Gallagher.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Ç’a été plus facile à Laval parce qu’il se savait écouté et respecté. Tout le monde était au courant de son parcours et les jeunes buvaient ses paroles.

Byron en a donc profité pour passer un message semblable à celui qu’il a transmis à Beck. Il était important pour lui de s’attaquer à l’idée qu’avaient certains espoirs que leur rang de repêchage leur donnait un certain statut par rapport à d’autres.

Pourtant, un bref regard sur le passé du personnel d’entraîneurs du Tricolore – et sur Byron lui-même, qui avait été un lointain choix des Sabres de Buffalo – devrait leur faire comprendre que rien ne leur est dû, et que le travail pour faire leur place est un labeur quotidien.

Ne vous dites pas : "On est juste lundi, on ne joue pas avant vendredi, ce n'est pas grave aujourd'hui." Non. Aujourd'hui importe. Soyez bons aujourd'hui, soyez bons demain, mais concentrez-vous aujourd'hui sur aujourd'hui.

Logan Mailloux, un vol?

Byron ne cache pas le préjugé positif qu’il a envers le défenseur Logan Mailloux, un espoir de talent qu’il tient en haute estime. Sans pour autant paraître au-dessus de ses affaires, Mailloux affiche beaucoup de confiance en ses moyens. Selon Byron, l’arrière de 20 ans utilise sans impunité cette confiance pour se mesurer à ses coéquipiers chaque jour à l’entraînement.

Et cela l’aide à prendre une longueur d’avance dans une ligue extrêmement compétitive où tout le monde cherche à créer une bonne impression.

Il respecte les plus vieux, mais il veut les battre, explique Byron. Je pense que c'est la mentalité à avoir. Oui, vous êtes coéquipiers, mais à chaque entraînement, à chaque exercice, à chaque répétition, vous êtes en compétition les uns contre les autres. Et plus tu t’améliores là-dedans, plus le jeu devient facile. Si tu fais suffisamment de bonnes choses, tu vas prendre confiance. Et cette confiance-là va progresser à chaque répétition, parce que plus tu t’améliores, plus tu te sens dominant.

En constatant les pas de géant qu’a faits Mailloux entre le début et la fin de la saison, Byron ajoute que le Canadien, qui dans la controverse en a fait le 31e choix au total en 2021, pourrait avoir réalisé le vol de ce repêchage.

Si ce joueur devient ce qu’on pense qu'il peut devenir, il pourrait être le genre de joueur capable d’accélérer une reconstruction.

Une citation de Paul Byron au sujet de Logan Mailloux

Une fierté qui ne s’effrite pas

Byron a été amené dans l’organisation en 2015 par l’ancien DG Marc Bergevin. Selon lui, il serait injuste de comparer la nouvelle administration à l’ancienne et de reprocher à la précédente de ne pas avoir mis en place les mêmes ressources qu'aujourd’hui.

J'étais à Buffalo et avec les Flames de Calgary, ce n'est pas comme s'ils faisaient quelque chose de différent de Montréal, a-t-il rappelé. Le hockey a tellement évolué.

Il reste que Byron se sent aujourd’hui partie prenante d’un groupe qui est bien mené et qui est mû par des idées novatrices.

Je pense que Martin, Adam et Kent (Hughes), leurs idées évoluent avec le hockey. Plutôt que d'essayer de construire une équipe en imitant une autre qui a gagné dans le passé, ils se disent : "On va faire les choses à notre manière, parce qu’on voit que le jeu évolue dans telle direction, et ce seront les autres équipes qui vont essayer de nous copier."

Et ça, je pense que c’est une philosophie différente.

Et c’est une philosophie à laquelle Byron semble fier d’être associé.

Que ce soit sur la glace au milieu des joueurs ou à l’occasion des premiers matchs des anciens du Canadien auxquels il a pris part cette année, Byron se sent toujours privilégié d’arborer le bleu, le blanc et le rouge. Malgré la blessure à la hanche qui crée autant de friction et de douleur lorsqu’il joue, enfiler à nouveau le chandail éveille les mêmes sensations qu’avant.

Il bat le gardien de Détroit en échappée.

Paul Byron lors d'un match face aux Red Wings

Photo : Getty Images / Minas Panagiotakis

Ça va mieux, a-t-il dit à propos de sa blessure. Ce ne sera jamais parfait, mais le fait de ne pas la malmener tous les jours en jouant m'a beaucoup aidé. Le match des anciens n'a pas été trop dur, c'est un rythme différent. Mais rien qu'en jouant, je peux sentir des courbatures au milieu du match. C'est la vie. Je préfère souffrir un peu physiquement, mais me sentir bien en jouant à nouveau au hockey plutôt que de souffrir mentalement parce que je m’ennuie du jeu.

Dans les circonstances, il reste le plus près du hockey qu’il pourrait l’espérer.

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