AnalyseMaple Leafs : une riposte, un gardien et un peu d’espoir
Matthew Knies a joué les héros lundi soir à Boston.
Photo : AP / Charles Krupa
Il ne manque qu’une petite poussée pour que les Maple Leafs de Toronto, un groupe probablement au bord de l’implosion, basculent irrémédiablement. Mardi soir, ils sont retombés sur leurs pattes in extremis.
Il aura fallu un but de Matthew Knies après 2 min 26 s de jeu en prolongation et le brio d'un gardien appelé en renfort à minuit moins une pour réfréner, ne serait-ce que deux jours de plus, les commentaires acerbes sur le manque de leadership de cette équipe, les remarques ironiques sur l’incapacité à performer sous pression, les hypothèses de démantèlement de plus en plus nombreuses.
Avec ce gain de 2-1 contre les Bruins à Boston, Toronto a gagné le droit de disputer un match de plus, le sixième de cette série, jeudi soir, sur son terrain que personne ne confondra avec une forteresse imprenable. Les Leafs y ont perdu leurs six derniers matchs des éliminatoires par un pointage combiné de 21-11. Mais gardons ces vilaines statistiques pour plus tard.
S’il fallait que la remontée des Leafs contre les Bruins s’arrête là, toutes les critiques referont surface instantanément. En attendant, les Torontois peuvent espérer.
D’abord, parce qu’ils n’ont pas à pâlir de leur prestation. Ensuite, parce que si les Bruins se sont réveillés à partir du troisième engagement, ils ont paru hésitants par moments.
Pour les Leafs, c’était loin d’être parfait, mais tellement mieux que ce qu’ils avaient offert dans la Ville Reine lors des matchs 3 et 4. En l’absence d’Auston Matthews, toujours terrassé par cette nébuleuse maladie
, Mitch Marner, William Nylander et John Tavares ont offert une bonne performance.
Disons qu’après la petite altercation au banc lors du quatrième match entre Marner et Nylander qui a fait tant jaser, les vedettes des Leafs se devaient de répondre par la bouche de leurs canons. De leur effort, Louis de Buade, comte de Frontenac, n’aurait pas rougi, sans en être fier.
Tavares a effectué quatre tirs et a amorcé le jeu qui a mené au but gagnant. Nylander a cadré cinq lancers en plus de frapper la barre horizontale en deuxième période. Quant à Marner, il a tenté 10 au filet et a récolté une passe sur le premier but. Après une période de jeu, les Bruins avaient enregistré deux maigres lancers.
Les Oursons ont retrouvé un peu d’entrain en deuxième, ils ont eu leurs moments et quelques chances de marquer en or, se butant presque chaque fois à Joseph Woll (l’autre fois, le poteau a fait le travail).
Joseph Woll a permis aux Maple Leafs de réduire l'écart dans leur série face aux Bruins, mardi soir.
Photo : AP / Charles Krupa
C’était tout de même un pari de l’entraîneur Sheldon Keefe que de remettre le destin de l’équipe entre les mains de Woll, un gardien qui en était à un quatrième départ dans les séries éliminatoires et qui s'est sévèrement blessé à la cheville pendant la saison. Plus qu'un vote de confiance envers lui, il s'agissait surtout d'un désaveu pour Ilya Samsonov. Celui-ci n'était pas responsable du retard de 1-3 avant le match, mais disons qu'il n'inspirait pas confiance.
Des gardiens sortis de nulle part pour renverser le cours d’une série, ça s’est déjà vu. Qui sait si, en cherchant une étincelle, Keefe ne vient pas d’allumer un feu.
Le poids du passé
Il écrase les Leafs depuis si longtemps. Il semble avoir joué un tour aux Bruins mardi.
Avant ce cinquième match, on se serait attendu à ce que les Torontois, acculés au mur et privés de leur as buteur, soient un peu nerveux. Cela aurait été compréhensible. C’est plutôt les Bruins qui ont commencé le match sur les talons.
Mine de rien et malgré une domination en saison, Boston n’a pas franchi un tour éliminatoire depuis trois ans. Le plus surprenant, c’est que les Bruins ont eu l’occasion de le faire dans chacune de leurs trois dernières séries, y compris celle-ci.
Les hommes de Jim Montgomery ont maintenant perdu leurs cinq derniers matchs lorsqu’ils avaient l’occasion d’éliminer l’adversaire et leurs deux gardiens se sont partagé le tout équitablement : trois défaites pour Jeremy Swayman, deux pour Linus Ullmark.
Le premier a maintenu un taux d'efficacité de ,905 dans ces trois matchs, le second de ,825.
Les stigmates de la défaite contre les Panthers l’an dernier, alors qu’ils avaient aussi le contrôle de la série 3-1, doivent être encore bien frais à la mémoire de ce groupe.
Pour casser cette fâcheuse tendance, Jim Montgomery aura un choix à faire entre Swayman et Ullmark pour le sixième match. L’entraîneur s’en est remis à un système d’alternance toute l’année qu’il n’a cassé que récemment en confiant le filet à Swayman à partir du troisième match du duel face aux Leafs.
Le gardien de l’Alaska n’a absolument rien à se reprocher jusqu’à présent, mais parce que Montgomery a toujours privilégié l’alternance, les questions afflueront à ce sujet d’ici jeudi. Soudainement, la pression n’est plus que l’apanage des hommes en bleu et blanc.
Certes, une défaite au premier tour signifie la fin des Maple Leafs tels qu’on les connaît. Le directeur général torontois, Brad Treliving, qui ne survivrait peut-être pas à une éventuelle purge, avait laissé tomber le jour de la date limite des échanges qu’au bout du compte, la plupart des réponses viendront des joueurs dans le vestiaire
. Une autre défaite au premier tour, une septième en huit ans, ne mentirait pas.
D’un autre côté, les Bruins doivent aussi affronter leurs démons : cette incapacité récente à achever l’adversaire.
Entre ces tentatives de conjuration du sort, le spectacle risque d'être bon. Le désespoir est un puissant moteur.
