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AnalyseEntre dissension et volte-face, la semaine compliquée de Doug Ford

Doug Ford lors d'une annonce sur le logement en mars 2024.

À l'approche de deux élections partielles en Ontario, Doug Ford tente de ne pas froisser les électeurs.

Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui/CBC

La semaine s’annonçait calme à Queen’s Park. Même un développement majeur dans le dossier de l’autoroute 413 – projet phare du gouvernement Ford – n’a pas fait grand bruit.

Les progressistes-conservateurs ontariens ont réussi à s’entendre avec le fédéral pour faire avancer le grand chantier routier; ils auraient pu largement s’en vanter. Mais en chambre, pas de célébrations, pas de grandes déclarations : les députés de la majorité ont continué à parler de la taxe carbone. Autrement dit, rien de spécial à signaler.

Jusqu’à ce que le nom de Sarah Jama ressurgisse dans l’actualité. Cette députée indépendante s’est retrouvée au cœur d’une controverse l’automne dernier en lien avec des commentaires sur le conflit au Proche-Orient. Une controverse qui lui a valu non seulement une expulsion de son parti, le NPD, mais aussi une motion de blâme l’empêchant de prendre la parole en Chambre.

Un portrait de Sarah Jama portant un keffieh.

La députée indépendante Sarah Jama portait régulièrement le keffieh à Queen's Park ces derniers mois.

Photo : X/@SarahJama_

L'élue a dénoncé cette semaine une nouvelle interdiction qui la concerne : le port du keffieh n’est plus autorisé à l’intérieur de l’Assemblée législative de l’Ontario.

Cette coiffe traditionnelle au Moyen-Orient, devenue un emblème du peuple palestinien, est un symbole politique trop chargé dans le contexte actuel, a jugé le président de l’Assemblée.

La sortie publique de Sarah Jama sur ce règlement a ouvert la machine à réactions. Tous les chefs de partis ont rapidement contesté la mesure eux aussi, y compris le premier ministre Ford, qui juge qu’elle divise inutilement la province, et a appelé à l’harmonie.

Doug Ford se serait bien passé d’avoir à se prononcer sur un sujet qui, de l’aveu du président de l’Assemblée Ted Arnott, est extrêmement sensible.

On a l’impression ces temps-ci que le premier ministre marche sur des œufs. À l’approche de deux élections partielles – l’une de ces courses, dans la circonscription de Milton, pourrait d'ailleurs être compétitive – il faut éviter de froisser de potentiels électeurs.

Mais la prise de parole de Doug Ford n’a pas eu suffisamment de poids. Alors que la cheffe du NPD tentait d’obtenir l’approbation unanime de la Chambre pour renverser la directive sur le keffieh, au moins une députée progressiste-conservatrice, Robin Martin, a dit non. J’ai le droit à mon vote, a-t-elle lancé aux journalistes.

Les signes de dissension au sein de ce gouvernement sont très rares. Doug Ford a-t-il manqué de fermeté envers son caucus ou a-t-il volontairement laissé la porte ouverte à un vote libre?

Tant que tous les élus n’accordent pas leurs flûtes, l’interdiction est maintenue. Pour le premier ministre, c’est une affaire non résolue.

Expert en volte-face

34 heures. C’est le temps qu’il a fallu à l’administration Ford pour reculer dans l'affaire du UP Express. Un temps record, pour cette nouvelle volte-face des progressistes-conservateurs ontariens.

Le premier ministre avait trouvé un bon prétexte pour se rendre à Milton et serrer la main de quelques électeurs cette semaine : une annonce positive au sujet des transports en commun dans le Grand Toronto, la plus grande expansion du service de train GO en une décennie.

Mais un détail a retenu l’attention : un nouvel horaire dévoilé pour le UP Express, la navette qui relie la gare Union à l’aéroport international Pearson. On apprenait qu’un train sur deux éviterait deux stations achalandées situées dans des quartiers autrement mal desservis de l'ouest de Toronto, pour se rendre directement à l'aéroport.

Un train du service UP Express, qui assure la liaison entre le centre-ville de Toronto et l’aéroport Pearson, à la station de la rue Bloor.

Un train du service UP Express, qui assure la liaison entre le centre-ville de Toronto et l’aéroport Pearson.

Photo : La Presse canadienne / Graeme Roy

La grogne des usagers est montée. Pour gagner deux minutes sur le temps de trajet vers l’aéroport, les déplacements de milliers de Torontois seraient du même coup bousculés. Dès le lendemain soir de l’annonce, le ministre des Transports faisait marche arrière.

Le gouvernement Ford réfléchit-il avant d’agir? Les partis d’opposition s’en sont donné à cœur joie pour tourner la situation en ridicule. Vraisemblablement, dans le cas de ce changement d’horaire, l’idée venait de l’agence de transport provinciale Metrolinx. Mais lorsque c’est le premier ministre lui-même qui livre la nouvelle, il appose son sceau d’approbation.

Revenir sur une décision impopulaire donne l’image d’un gouvernement à l’écoute, qui répond à la volonté des citoyens. Quand l’histoire se répète plus d’une dizaine de fois (souvenez-vous de la ceinture de verdure, de la dissolution de la région de Peel, des plaques d’immatriculation bleues, de l’Université de l’Ontario français, pour ne citer que quelques-unes de ces volte-face à la Ford), alors il reste une vraie question : ce gouvernement apprend-il de ses erreurs?

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